Lettre 255 Palestine, un accouchement aux forceps

On prétend qu’au passage de vie à trépas, le film complet de sa vie défile et on revisite tous les évènements depuis sa naissance.

N’est-ce pas l’occasion de reprendre le fil de la vie de notre pays pour s’interroger sur les causes de la situation actuelle car décidément, quelque chose s’est rompu, soit au pays du sionisme, soit dans le monde en son ensemble.


Ben gvir et Smotrich, cause de tous les tourments

Aucun historien ne remet en cause ni n’explique les raisons impérieuses qui ont milité pour la dispersion des Juifs, quittant Israël lors de la destruction du second Temple de Jérusalem par les Romains en l’an 67. Pourtant nous étions chez nous, dans notre pays, certes sous domination provisoire, mais chez nous. 

Nous avons cédé notre place. Seule une poignée de Juifs ont persévéré qui à Jérusalem, qui à Tsfat….Et leurs descendants ont traversé les âges. Eux n’ont pas renoncé à la promesse divine.

Bon, on ne va pas remonter au déluge, ni à Mathusalem. Et pourtant.

En 1897, lors du premier congrès sioniste mondial, les bases d’un État juif furent jetées mais la question du lieu choisi fit couler beaucoup d’encre. Et pourquoi pas l’Ouganda, l’Argentine. Mais sa fameuse allocution « si vous le voulez, ce ne sera pas un rêve » a résonné si fort que les juifs persécutés avaient déjà choisi la Palestine avant l’heure.

Ici et maintenant, et pas ailleurs.

En 1917, lorsque lord Balfour formulera sa trop fameuse déclaration au nom du peuple britannique favorisant la création d’un « foyer juif » dans une Palestine qu’il venait de conquérir, il enfonçait un coin dans un monde arabe défait. Au demeurant ce dernier n’avait il pas choisi le mauvais camp, celui de la défaite.

A cette époque qui s’intéressait vraiment à cette vision messianique?

Les Juifs d’Europe occidentale? Que nenni ! Ils vivaient tranquilles en France et en Allemagne.

Mais c’était avant 1933.

Les Juifs du Maghreb? Pas davantage. Ils vivaient en parfaite intelligence avec des Arabes autochtones dont ils avaient adopté les coutumes.

Mais c’était avant 1948.

La déclaration de Balfour intéressait au premier chef les Juifs d’Europe centrale, les Juifs du Tsar, des pogroms.

Mais aujourd’hui, cette largesse pour un peuple martyrisé paraît devoir être revue et corrigée. On oublie facilement les raisons d’alors, d’une époque coloniale qu’il faudrait effacer, gommer, dénoncer, condamner.

Mais l’aventure était trop belle et nous y avons foncé tête baissée, ignorant les écueils, les difficultés, les guerres; le pois chiche contre un océan d’ennemis.

C’était notre destin. We do it!!!!!

En 1948, le Monde créé deux États. Nous en acceptons l’augure. On danse dans les rues. En face c’est le refus. Les Palestiniens n’ont pas été consultés, ou si peu. Les pays arabes ont pris la main et rejeté d’un bloc ce plan de partage. Pas en raison d’un quelconque déséquilibre. Pour nier une présence juive insupportable en terre d’islam.

Une victoire sur l’adversité pour nous, la Nakba (Le désastre, la catastrophe) pour eux. Une première migration vers des camps de réfugiés qui se perpétuent depuis 75 ans.

Un foyer de haine et de terreur.

Mais peu nous importait puisque nous avions gagné le droit d’exister, de gouverner et d’accueillir légalement nos frères sortis des camps de la mort.

Le pays refuge des Juifs devenait réalité.

Et les Palestiniens dans tout ça?

Roulés dans la farine par leur propres frères qui promettraient de jeter les Juifs à la mer.

Jusque la on voit mal en quoi nous aurions fauté. La Palestine (Judée Samarie) était occupée par les Jordaniens. Gaza par l’Egypte.

Et cette occupation ne gênait personne. C’était semble t il dans l’ordre des choses. On aurait pu imaginer que ces deux pays mettent en place un État frère pour ce qu’on nomme le « peuple Palestinien ».

Mais ils ont choisi de poursuivre la guerre.

Ils auraient pu intégrer ces populations et leur accorder la citoyenneté. Mais ils ont préféré leur promettre un retour illusoire dans leur foyer et en faire des réfugiés et créer le « problème palestinien ».

Et quel respect en 1967. Le pionnier faisant fleurir le désert venait de gagner une guerre en 6 petits jours.

Et agrandissait son territoire d’espaces stratégiques vitaux. Le Golan syrien, le Sinaï égyptien, la Judée-Samarie jordanienne et, cerise sur le gâteau, la bande de Gaza dont personne n’en voulait. Surtout pas les Égyptiens qui feront la paix avec Israël pour ne récupérer que le Sinaï et son pétrole. Ils se sont débarrassé de Gaza comme un torchon laissé à la charge d’Israël.

Certains prétendent que 1967 est une victoire à la Pyrrhus, comme un boulet que, tel Sisyphe, nous traînons depuis.

D’autres y voient un message messianique puisqu’aussi bien la Judée Samarie est le cœur de la promesse divine, le lieu où sont enterrés les patriarches (Abraham, Isaac et Jacob) et les  matriarches (Sarah, Rebecca, Rachel et Léa).

On entre ici dans une autre dimension, celle du sionisme religieux qui n’a rien à voir avec le sionisme de Herzl. 

Le conflit inter religieux qui était sous jacent devient plus prégnant. Judaïsme contre l’Islam avec pour corollaire évident, un antisémitisme virulent qui se répand dans le monde entier.

Les gouvernements qui se sont succédés depuis 1967, qu’ils soient de gauche comme de droite, ont toujours recherché des solutions politiques et diplomatiques pour bâtir une paix durable avec ses ennemis d’alors.

2023 est un tournant historique qui voit l’affrontement de deux visions opposées sur la définition de l’Etat juif et de sa destinée.

Ceux qui se réfèrent à Herzl et Ben Gourion seraient disposés à retoucher le film de l’histoire et revenir à 1948 avec la création de cet État palestinien malgré le risque terroriste.

Ceux qui sont actuellement au pouvoir poursuivent un chemin à contresens de la philosophie du monde occidental. La colonisation de terres hors sol d’Israël.

C’est ce qui nous vaut les foudres des juridictions internationales. L’accusation de colonialisme, voire de génocide.

Il n’y a rien de pire. Vrai ou faux, toute l’histoire du retour à Sion est polluée par cette idéologie du nationalisme religieux.

Et la fabuleuse aventure sioniste du 20ème siècle est analysée sous l’angle pervers de la colonisation d’une terre avec une délégitimisation de la création de l’Etat d’Israël.

Le Wokisme est très fort en cela qu’il est capable de condamner aujourd’hui ce qui était légitime et admis hier.

Bref on remet l’histoire au goût du jour. On déconstruit, on détricote, on retricote que des mailles à l’endroit.

Netanyahu a réussi à fâcher notre allié vital. Il ouvre ainsi la boîte de Pandore et notre affaiblissement diplomatique permet aux pays européens sous influence arabe de nous diaboliser.

Et puisque la société israélienne est divisée, les États démocratiques vont faire son bonheur malgré les réticences et reconnaître l’Etat palestinien. « C’est bon pour vous! Votre gouvernement extrémiste a tort; nous créeront cet État malgré lui ».

Il y a sous jacent un intérêt pour ces pays tels la Norvège, l’Irlande ou l’Espagne qui se mettent en travers de la position américaine: renforcer le parti gouvernemental face à un électorat victime d’un lavage de cerveau. Palestine libre de la rivière à la mer.

La aussi il faudra s’interroger sur l’aboutissement de cette doxa. Israël prend garde! Le sionisme est devenu un gros mot.

L’occupation de la Judée Samarie devient insupportable au regard des notions actuelles.

Nous étions dans le sens de l’histoire. Nous l’avons progressivement quitté depuis 1967. Depuis nous marchons à contre sens. L’alignement des planètes s’est enrayé.

Il a suffit d’un an pour que cet État virtuel devienne une exigence internationale. Avec une pression inédite des juridictions pénales capables de se surpasser pour griller les étapes. Nous interdire d'éradiquer le terrorisme.

Tomber de Charybde en Scylla. Tel doit il être notre destin?

Ou faut-il, en plein conflit, reprendre le chemin tracé par les accords d’Oslo et d’Abraham vers la création d’un État palestinien?

Effacer le dernier acquis de 1967.

Le monde entier nous y incite. Son intérêt est clair, paix sociale à tout prix….. mais sans en payer le prix!

L’Iran s’empressera de l’infiltrer pour finir l’encerclement d’Israël.

Nous sommes face au précipice. Qui a raison; qui a tort. Pendant 15 ans, Netanyahu a choisi de ne pas choisir. Mais l’heure du choix approche inexorablement.

La communauté internationale va franchir le Rubicon et il y a fort à parier qu’un vote massif décidera de créer cet État.

Si Netanyahu choisi le plan américain, son gouvernement tombe. Alors il sera tout nu face à ses juges nationaux et internationaux. Belle perspective is’nt it!

Imaginez notre premier ministre interdit de séjour et sous le coup d'un mandat d'arrêt. 

S’il poursuit sa politique de victoire totale, il serait bon qu’elle advienne vite. Sinon « TILT ». Fin de la partie!

Décidément, les portes se ferment une à une devant Bibi, tel le cobaye forcé de pénétrer là où on le pousse.

A quel moment nous sommes nous fourvoyés?

Le gouvernement issu des élections de 2023 est la goutte d’eau de trop. Il a révélé une politique de domination insupportable aux yeux du Monde. 

Le refus arabe à toute solution de paix a été remplacé par le refus sioniste nationaliste à toute solution à deux États.

Deux occasions ont été manquées.

Lorsque le procès de Bibi s’est ouvert, il fut question d’un accord selon lequel une amnistie lui serait accordée contre son retrait de la scène politique. Netanyahu s’est dérobé. 

Puis lorsqu’une trêve fut accordée au Hamas contre la libération de 110 otages, il était possible de poursuivre la trêve et obtenir d’autres libérations. Le Hamas sous pression militaire était demandeur. Mais nous étions tous convaincus que le poursuite de la guerre permettrait d’atteindre le fameux double buts. « Victoire totale » et otages. Bibi nous a lavé le cerveau.

Hélas!! Mille fois hélas, nous sombrons dans un abîme qui risque de nous faire perdre les deux, et cerise sur le gâteau, la création d’un État terroriste supplémentaire à 15 km de Tel Aviv.

Et c’est à cet instant que Netanyahu tempère sa position pour permettre de relancer les négociations. Trop tard!! Le Hamas a gagné sur ce tableau et va attendre sereinement que tombent les condamnations contre Israël.

Tout se retourne contre nous et la foudre frappe au mauvais endroit. Le terrorisme aura raison. Sinistre message adressé aux pays démocratiques. La gangrène gagne.

Dernière question: pouvons nous nous dérober et nous exonérer de cette pression internationale? 

Chacun verra midi à sa porte.

Pour finir, la parabole du pot de confiture.

L’enfant s’est hissé sur le haut de l’armoire où étaient cachés les pots de confiture. Le père le surprend le doigt à la bouche et lui tend les bras: « saute; je t’attrape! »

L’enfant tout confiant saute dans les bras de son père. A cet instant le père se dérobe et l’enfant s’écrase au sol. « Mais papa, tu m’as promis de me tenir. »

Et le père de déclarer « n’aie confiance en personne mon fils, pas même en ton père !»

Moralité: ne pensons pas qu’en suivant la voie que le Monde nous trace, il nous en sera reconnaissant et nous tirera d’un mauvais pas. Comme Ponce Pilate, procurateur romain de Judée de l’an 26 à 36, il s’en lavera les mains.

L’histoire ne dit pas si la confiture était bonne. Mais si nous la laissons trop longtemps sur l’étagère, elle pourrait bien devenir amère.

Commentaires

  1. mauvaise analyse : L'état palestinien sera et sera démilitarisé , Israel en contrôlera les accès , à moins qu'il n'en soit complice, comme à Gaza, pour des raisons de politique et de stratégie intérieures. Israel a vu et a laissé faire.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Plus on avance et plus cet Etat palestinien ressemble à n'en pas douter à un Etat terroriste.
      Parce que l'Iran mettra sans peine la main dessus. Israël contrôlera les accès. Bien. Mais le désarmement est une illusion. On peut fabriquer des armes explosives sans peine.
      Par contre, prendre le chemin de cette indépendance pourrait être envisagé avec plus de circonspection.

      Supprimer
  2. Personne ne sait de quoi demain sera fait tellement la situation est inextricable.Du pire sans doute.
    On sait seulement que cela ne durera pas comme cela est actuellement, mais que cela durera sous une autre forme.
    Une eternité du malheur est devant c'est tout.Quand les forces du mal s'unissent des deux côtés que voulez vous qu'il advienne?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'en veux de plus en plus à ceux qui ont permis de former cette coalition.

      Supprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

Lettre 189 Journal de guerre J+8

Lettre 229 L’UNRWA au service du terrorisme

Lettre 193 Journal de guerre J13+14