Lettre 256 Otages d’abord

Huit mois et toujours 125 otages.

Le principe selon lequel on ne gagne pas la guerre avec 250 otages en face va t il s’imposer? 

Et les anarchistes, communistes défaitistes qui prônent l’arrêt de la guerre contre la libération des otages avaient ils raison?

Lorsqu’on interrogeait les familles d’otages, elles s’en remettaient totalement aux décisions du cabinet de guerre. Puis progressivement, elles exigeaient que tout soit tenté pour leur libération. 

Netanyahu qui a bien compris le message a lancé puis relancé à plusieurs reprises la négociation avec chaque fois un mandat plus large aux négociateurs. En vain. Le Hamas a exigé le retrait de Tsahal, ce que Bibi refuse d’accepter.

Au final, les familles d’otages ont demandé la libération à tout prix mais sans oser exiger l’acceptation des conditions fixées par le Hamas.

Et voilà que le tribunal international exige la cessation des combats à Rafah. Les familles emboîtent le pas pour qu’il soit mis fin à cette guerre.

Elles rejoignent officiellement le clan des défaitistes.

Mais le hic, c’est que le Hamas n’a à ce jour aucune raison de se précipiter. Il engrange jour après jour une victoire sur tapis vert et se refait une santé en renforçant ses effectifs.


Bernard Henri Levy lors d'une manifestation à Tel Aviv

Netanyahu avait prévenu que l’éradication du Hamas prendrait des mois, des années. Il a oublié que la fenêtre de tir était forcément de courte durée et qu’après quelques mois, la communauté internationale serait vent debout face aux destructions massives.

Et à bien peser la situation, en admettant qu’il ne peut agir sur deux fronts, Tsahal laisse entendre qu’Israel manque d’effectifs ou craint les effets dévastateurs d’une guerre totale avec le Hezbollah.

A cet instant, un zoom arrière permet de constater que rien n’est réglé. Ni pour les otages, ni pour les déplacés du Nord et du Sud dont le retour en sécurité est impossible, ni contre le Hamas.

Le traumatisme du 7 octobre empire et la fracture sociale aussi. L’exigence d’élections se raffermie et rien n’est réglé quant à l’exemption de service des Juifs orthodoxes.

On cherche en vain une lumière de sortie du tunnel!

Quitter Gaza en abandonnant les otages au Hamas!!

Est ce la le scénario que voudrait nous imposer le monde libéral?

Défaite totale!

Une thèse voudrait qu’Israël se retire en coupant tout lien avec la bande de Gaza. Plus d’eau, plus d’électricité, de gaz, fermeture des passages pour l’aide humanitaire. Laisser au Monde et surtout à l’Egypte, la charge de cet approvisionnement.

Et qu’en cas d’attaque, l’aviation rase le quartier d’où les missiles ont été tirés.

Déjà des voix s’élèvent pour reprocher au gouvernement de ne pas avoir mis la priorité à la libération des otages pour des raisons bassement politicienne. Cela aurait été possible après la trêve du mois de janvier en mettant fin au conflit.

Mais le peuple traumatisé avait soif de vengeance contre le Hamas. Netanyahu avait intérêt à une poursuite de la guerre pour éviter une reddition de compte. Tout contribuait à la poursuite de la guerre.

Mais un peuple traumatisé est il en état de discernement? Un gouvernement et une armée qui ont gravement failli sont ils en état de prendre les bonnes décisions?

Ces questions minent la société israélienne.

Les thuriféraires du Likoud posent une question fort pertinente: le chef de l’opposition Yair Lapid aurait-il fait mieux que Bibi?

La réponse est ni oui, ni non. 

Mais ce qui est sûr, c’est que personne n’aurait émis des soupçons sur les décisions du cabinet de guerre dirigé par Netanyahu. Ces soupçons minent la société qui reproche à Netanyahu de privilégier ses intérêts personnels au détriment de la nation: Diligenter une guerre à bas bruit pour durer; de tout faire pour maintenir sa coalition en se soumettant au dictat de ses deux ministres extrémistes dont la priorité n’est pas la libération des otages mais l’occupation de Gaza.

Le peuple ne pouvait s’unir derrière Netanyahu, surtout pas après la tentative avortée de réforme et la déconfiture du 7 octobre.

Cette désunion affaiblit Israël et renforce l’appétit de nos adversaires. Le jugement du tribunal international n’en est qu’une illustration.

On sait que Netanyahu détient la solution du problème. Se démettre pour laisser la place provisoire à un membre influent du Likoud avant des élections à prévoir rapidement.

Ou persévérer. Errare.....

Les négociations devraient reprendre avec le Hamas. Poudre aux yeux des familles ou volonté d’accepter ses conditions?

Nous avons la maîtrise de l’air, de la mer, du sol. Mais pas du sous-sol. Les Américains ont connu les mêmes affres au Vietnam. Ils sont partis la queue entre les jambes. Israël n’est pas l’Amérique. C'est un petit pays avec des petits moyens. 

Il faut s’en souvenir. Et bien que Gaza soit un mouchoir de poche, notre "puissante" armée est tenue en échec par les tunnels.

La guerre contre une armée de terroristes est asymétrique, pas forcément du côté que l’on croit.

Voici pour finir un sujet de réflexion posé par la presse israélienne. De gauche bien sûr!

Quelle direction prendre: conserver notre identité humaniste ou nous combattre le terrorisme sans distinguer entre population civile et activistes du Hamas ?

Un journaliste, Amnon Levy, explique:

Après le massacre du 7 octobre, la presse a mis le focus sur les horreurs perpétrées et sur la douleur des familles d'otages. Elle a mis en pointillé les destructions massives et les victimes civiles; elle n'a guère montré la famine qui a sévi et les conditions de vie inhumaines à laquelle la population a été exposée.

La presse a contribué à déshumaniser la population de Gaza, avec des expressions genre "il n'y a pas d'innocents mais tous impliqués dans le massacre". Donc tous coupables de sorte que le nombre de victimes civiles importe peu.

Mais le monde qui regarde ce qui se déroule sous ses yeux, ne fait plus le rapport avec le 7 octobre. 

Le narratif israélien est en dissonance avec la perception de la communauté internationale. La guerre, dans sa violence, fut elle légitime dans les deux à trois premiers mois, a  fait place à un regard critique. Ce que l'on a traduit par de l'antisémitisme.

En substance, le journaliste se demande si le patriotisme viscéral des journalistes n'a pas été complice d'une ignorance des réalités. N'a t on pas écrit ce que le peuple voulait entendre?

Il est vrai qu'en temps de guerre, la critique contre les opérations militaires est un acte de haute trahison morale.

Demeure l'éternelle question de savoir quelle est la limite légitime dans la guerre contre le terrorisme, lui qui viole et s'exonère de toutes les lois de la guerre.

La guerre conventionnelle est impuissante face au terrorisme. Ses armes sont celles des barbares. Et nous risquons dans ce contexte d'y perdre notre âme.

Et c'est peut être pire que de perdre la guerre.

Ce journaliste conclut que la seule victoire réside dans la libération des otages. Progressivement l'espoir d'une fin des combats gagne du terrain.

Mais le retour à la normale sera un retour vers le passé, sans sécurité ni solution de paix.

Le coureur cycliste qui pédale avec le nez dans le guidon ne voit pas ce qui se passe dans son dos. La société israélienne était aveuglée par les affres du 7 octobre. Il est temps de remettre de l'ordre dans les idées et de replacer la synagogue au milieu du village.

Nous ne pourrons sans cesse nous référer au 7 octobre pour légitimer toute action militaire. 

Biden n'avait-il pas dit "Ne vous laissez pas guider par la vengeance".

 

Commentaires

  1. J'en apprends des choses , donc arrêter une guerre stupide perdue d'avance est du défaitisme ?
    Whaouuuuu, ne pas savoir qu'avant le 7 octobre 2024, il y a le 6 octobre 2024 et qu'analyser la situation au 6 octobre 2024, c'est être anti-israélien et que répéter les mêmes erreurs c'est être un bon patriote ! Le "bateau" prend l'eau et va probablement couler, mais on continue.....IL FAUT changer de capitaine.

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    1. Israël comme un bateau ivre. Deux Israéliens, trois avis différents! On écope, on écope! Avec vous mon cœur balance mais ma tête reste froide. Et je ne sait toujours pas qui a tort ou raison. Mais à mon humble avis, le capitaine au long cours va jeter l’ancre sous peu.
      Votre vœu va ainsi s’accomplir.

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  2. Changer la tête ne servira plus à rien.Une histoire tragique s'est mise en route.
    L'Etat d'Israel y survivra certainement parceque les Etats Unis ne pourrons l'abandonner.
    Sans cela il en serait fait depuis longtemps.
    C'est tant mieux,
    Mais jamais une situation de Paix ne sera plus concevable dans les conditions desormais créées.
    Il faudra s'y resoudre.
    Une histoire millenaire cela vaut pour le passé ...comme pour l'avenir.


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  3. L'optimisme est souvent un manque d'imagination.Le pessimisme en plus est la plupart du temps la caracteristique des mieux informés....

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