Lettre 259 Tsahal et la danse d'Echternach

Augias, roi d'Elide, malhonnête et corrompu, possédait un troupeau de milliers de bœufs parqués dans des étables qui n'avaient pas été nettoyées de puis 30 ans.

Il ordonna à Héraclès (Hercule dans la mythologie grecque) dont ce fut l'un des 12 travaux, de les nettoyer en une journée et en lui promettant le dixième de ses troupeaux. La mission étant impossible, Héraclès détourna le cours des fleuves au travers des étables et Augias, étonné du résultat improbable, refusa de le payer. Héraclès le trucida.

D'où l'expression nettoyer les écuries (du verbe curer) d'Augias: Mettre en place des solutions radicales.

Les mots qui suivent ne devraient pas être publiés. Ils s’étalent pourtant noir sur blanc dans la presse israélienne. 

Pourquoi? Parce que ce pays est exemplaire. Rien ne doit être caché. Tout doit être disséqué, commenté, partagé. Liberté et démocratie "pur sang".

La censure militaire en prend un coup. Voici que des hauts gradés libèrent la parole. Un "J'accuse" sans précédent.

Le lendemain du 7 octobre, alors que l'armée avait failli à tous les étages et qu'il était question de dégager les responsabilités, seul le chef d'état major Artzi Halevy l'a assumée déclarant qu'il démissionnerait après la "fin de la guerre".

Quelle fin et quelle guerre?

Le ministre de la défense Galant, lui-même impliqué gravement dans ce chaos, aurait du le limoger puis démissionner.

Tout a été renvoyé aux "calendes grecques" et comme vous le savez, celles-ci n'existent pas!

Et après 8 mois de combats sans victoire réel, Tsahal part à vau-l'eau. L'heure des comptes serait-elle arrivée.

La semaine passée, le chef d'état major a procédé à diverses nominations et a annoncé au général Tsour que sa carrière prenait fin. 

"Ai-je failli? Pourquoi dois-je  partir? Alors que les responsables du 7 octobre sont toujours en service".

Halevi lui a répondu que le chef du renseignement avait démissionné.

"Et qu'en est-il des autres responsables?"

Il visait le chef d'état-major lui-même. 

Cette algarade a été suivie par des déclarations cinglantes d'officiers qui ne supportent plus la situation contraire à l'étique militaire qu'on leur a enseignée.

Un général considéré, Ron Tal, a déclaré dans un forum militaire, que selon lui, "Le chef d'état-major Halevi est celui qui a le plus échoué dans l'Histoire de Tsahal".

Un autre général a regretté qu'on tire ainsi sur le pianiste en plein concert. 

Mais quand un spectateur siffle, la foule se déchaine. Voici qu'on a ouvert la boite de pandore.

 Hazi Nechama général en charge de la formation des officiers supérieurs

Hier, un autre général de réserve, Hazi Nechama, qui a combattu à Gaza et justifiant de 25 années de bons et loyaux services, lance un pavé dans la mare.

" La direction que prend Tsahal ne nous amènera pas à la victoire. Tsahal accomplit des attaques sans persévérance, ne nettoie pas les zones où il a combattu et quitte rapidement le terrain ce qui permet à l'ennemi se reprendre la main et force l'armée à revenir à nouveau".

Bref un travail de Sisyphe.

"L'opération de Rafah pose de multiples problèmes, et sur le terrain, les ordres ne sont pas clairs. La façon de présenter au public l'action de l'armée comme un succès sans précédent démontre combien la direction militaire est détachée des réalités du terrain."

" Nous avions prévu d'agir avec deux bataillons mais un seul a été autorisé et les forces sur le terrain se plaignent du manque de moyens et de munitions, du manque de clarté dans la mission, d'être subitement stoppé en plein combat".

Il ajoute:

"Ceci démontre la déconnexion entre l'état-major et le terrain. Il est certain qu'il y a un manque de confiance entre les combattants et les dirigeants militaires".

"A trois reprises nous avons rencontré l'état-major pour tenter de changer les choses de l'intérieur, mais toutes nos propositions ont été rejetées."

Fermez le ban!!!

Cet officier se ferait l'écho de collègues adoptant le même avis: limoger rapidement tous ceux qui ont de près ou de loin une responsabilité dans l'échec du 7 octobre.

Le 19 juin, ces hauts responsables militaires entendent organiser un forum destiné à redéfinir la stratégie de Tsahal. Avec ou sans l'état-major?

Ils s'interrogent aussi sur les enquêtes en cours qui semblent stoppées et dont les premières conclusions ne seront révélées que fin juillet.

Voici donc la réponse tant attendue sur le piétinement de Tsahal qui pendant quatre mois a quitté la bande de Gaza pour ne revenir qu'en pratiquant la danse d'Echternach, deux pas en avant, un pas en arrière.

Et il n'est question ici que de la partie visible de l'eisberg militaire, mais que dire du plan politique qui craque de tous cotés.

Qui sont-ils ? Combien sont-ils ces soldats qui semblent fomenter une forme de putsch

Faut-il limoger et mettre en accusation ces « fauteurs de troubles » ou limoger ceux qui étaient en charge du commandement à l’orée du 7 octobre?

Une seule certitude, on ne peut continuer ainsi; la coupe est pleine.

Ceux qui accusent les opposants et contestataires d’affaiblir Israël ont certainement raison. L’Iran et le Hamas se frottent les mains.

Mais de quelque côté que l’on se tourne, rien ne va plus.

Le Nord est en feu. Et nous devrions engager le combat contre le Hezbollah avec une armée dont l’intelligentsia semble divisée.

Profitant de nos divisions, le Hamas nous fait lanterner sur la trêve et la libération des otages. Il exige pas moins que la fin de la guerre et l’évacuation de Tsahal ce que Bibi continue de refuser.

Le Hamas aurait finalement rejeté le plan israélien non conforme.

Faute de solution pour les otages, Ganz et Eisenkot quitteront le gouvernement laissant Netanyahu seul aux commandes et il les remplacera par Ben Gvir et Smotrich. A piece of cake!

Il faut donc d’urgence resserrer les rangs. Mais les protestataires ne disparaîtront pas. Bien au contraire, la fronde va s'amplifier.

Plus le temps court, plus la désunion qui existait avant la guerre émerge. C'était couru d'avance. Mettre la tête dans le sable ne sert à rien.

Et comme rien ne se règle à aucun étage, pas plus qu'à l'extérieur, le pire est à venir.

On ne fait la guerre ni avec des chefs qui ont failli, ni avec 250 otages entre les mains des terroristes. Il en resterait à ce jour 120, plutôt morts que vifs.

Il faudra donc détourner les fleuves, Litani ou Jourdain, comme  Héraclès en son temps, pour mettre de l'ordre dans les écuries d'Israël.

Voilà qui promet.



Commentaires

  1. Pas simplement un coup de torchon on est bien d'accord !!

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