Lettre 262 Le corridor de Philadelphie oxygène du Hamas

Corridor, couloir ou axe de Philadelphie.

Depuis un mois, Tsahal est en opération militaire sur cette route frontière qui sépare le sud de la bande de Gaza avec le Sinaï égyptien.

C'est une route stratégique bordée d'un mur infranchissable coté gaza et d'une clôture électrifiée coté égyptien. Bref le mur de Berlin! 

Son nom est sans rapport avec la ville éponyme. C'est le nom de code donné par Tsahal sur les cartes d'état-major. 



Israël occupait Gaza et le Sinaï depuis 1967 et lors de la restitution du Sinaï à l'Egypte en 1982 à la suite des accords de paix, l'Egypte n'a pas voulu reprendre la bande de Gaza. Il a donc fallu fixer une frontière appelée "Tsir Philadelphie" en hébreu, courant sur 14 km de la mer méditerranée au Néguev israélien.

Cet axe comporte un passage donnant sur la ville de Rafah permettant aux habitants de Gaza de se rendre en principe en Egypte mais ils n'y sont pas les bienvenus.

Lorsqu'Israël a quitté la bande de Gaza en 2005, cet axe était sous contrôle exclusif de l'Egypte et complètement fermé.


Clôture érigée par l'Egypte

La frontière a été contrôlée par des observateurs européens lesquels ont du abandonner leur mission après avoir été attaqués à plusieurs reprises par les activistes du Hamas, lequel a pris le contrôle de Gaza en chassant l'Autorité palestinienne.

Depuis 2007, l'Egypte et Israël ont décrété un embargo sur la bande de Gaza gouvernée depuis par cette entité terroriste.

L'Egypte a entamé en 2009 la construction d'un "rideau de fer", mur de séparation lequel devait faire obstacle aux tunnels. Cet ouvrage de 11 km a été construit avec l'aide de la France et des USA. 

Sa profondeur d'environ 18 mètres a permis d'obstruer de nombreux tunnels mais le Hamas a creusé une centaine de tunnels à une profondeur de 30 mètres ce qui a rendu le mur inefficace.

Sur le plan stratégique, Tsahal a pénétré la bande de Gaza en novembre 2023 par le Nord repoussant la population vers le Sud, jusqu'à Khan Younes puis Rafah où elle se trouve principalement cantonnée.

On estime que les quatre derniers bataillons du Hamas avaient pris position dans ce secteur sud de sorte que Tsahal avait planifié une neutralisation de ces terroristes.

Mais les Américains étaient hostiles à cette campagne en secteur urbain et craignaient des dommages humains collatéraux.

Finalement Tsahal a pénétré le long de l'axe de Philadelphie en mai 2024 par combats ponctuels et mesurés en mettant la population à l'abri.

Quand aux Egyptiens, ils se sont fermement opposés à l'entrée de Tsahal sur l'axe de Philadelphie allant jusqu'à menacer de rompre les accords de paix. Ils estiment que c'est une entorse auxdits accords, alors pourtant que cet axe est situé coté Gaza et non en Egypte.

On peut s'interroger sur cette entrave à l'action de Tsahal contre le Hamas laquelle peut s'analyser comme une forme de soutien.

En effet!

On sait que depuis le départ d'Israël en 2005, le Hamas a creusé des tunnels de contrebande sous cet axe de Philadelphie par lequel il s'est approvisionné en armes et produits explosifs.

Il faut donc admettre que les Egyptiens ont fermé les yeux sur cette activité et ont fini par laisser faire.

En réalité, par c'est par ce biais que la Hamas a pu constituer un arsenal qui dépasse l'entendement avec une liberté de circulation.

Cet axe est considéré comme le ballon d'oxygène sans lequel le Hamas n'a pas de possibilité de s'approvisionner en raison du blocus maritime organisé conjointement par l'Egypte et Israël.

Tsahal a annoncé que cette opération serait achevée dans deux semaines. Pour autant le Hamas n'est pas éradiqué et il continue à diriger la bande de Gaza même si sa force militaire est réduite.

La situation est ambiguë. Certains appellent à une action massive de type blitz pour mettre le Hamas à genoux. On pourrait alors passer à la phase 3 et mettre en place un gouvernement provisoire de remplacement.

D'autres estiment qu'il suffit de se maintenir sur l'axe de Philadelphie pour couper toute approvisionnement en armes et sur le Wadi Aza qui coupe la bande de gaza en deux parties et ainsi séparer le Nord et le Sud. 

Dans ce cas, le Hamas restera provisoirement au pouvoir ce qui écarte l'hypothèse du "jour d'après" et d'un gouvernement de remplacement.

Il n'y a d'ailleurs aucun candidat qui voudrait se charger de cette besogne. Les Américains ont beau dire, ils ne proposent rien de sérieux. Rien que des slogans à fins électorales.

Reste à savoir si la présence de Tsahal sur l'axe de Philadelphie permettra de couper et combler tous les tunnels. Rien de moins sûr, surtout dans un temps proche. 

On s'aperçoit que chaque opération militaire contre une armée de terroristes sans uniforme qui se mélange à la foule et se camoufle sous terre est un véritable casse-tête.

Il faudra donc resserrer progressivement l'étau, les cantonner sous terre pour étouffer lentement mais surement ces activistes et leur dirigeants.

L'urgence est donc à réduire la présence militaire à Gaza pour renforcer le front nord sous tension extrême.

Mettre un pied devant l'autre. C'est la meilleure façon de marcher dit la chanson. 

Si Tsahal a réalisé un travail remarquable, on ne peut que regretter qu'aucune solution n'ait été apportée ni pour les otages, ni pour chasser le Hamas et rétablir la sécurité.

Chercher l'erreur. Elle s'incarne dans ce tableau. La division interne, la politique personnelle pour se maintenir à tout prix au pouvoir, le refus de prendre ses responsabilités.

Le radeau de la Méduse par Géricault (1818-1819)

La France avait envoyé trois bateaux dont la Méduse pour mettre en place un gouvernement de colonisation au Sénégal (Sic). Le bateau fit naufrage en raison de l'incompétence de son capitaine. Les naufragés construisirent un radeau de fortune mais ils dérivèrent et finissent par se battre entre eux en se livrant à des actes anthropophages.

N'y voyez aucune comparaison avec le capitaine Bibi et le Likoud. Pourtant la discorde s'y est installée et nous aurons à en reparler dans la prochaine lettre.

Israël à la dérive? Révolte interne au Likoud ?

La presse israélienne se pose la question.


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