Lettre 267 La guerre dans la désunion

On se perd en conjectures.

Les jours et les mois passent sans que la situation se clarifie. La question du "jour d'après" demeure en suspens.

Rien n'est clair.


Hartzi Halevy. Un chef d'armée bien inquiet

Chaque jour, les extrémistes menacent de faire tomber un gouvernement qui ne tient qu'à un fil, prend l'eau mais poursuit son bonhomme de chemin.

Quelle est la priorité? Quelle stratégie?

Regardons ce qui se passe de près et de loin.

De près.

Il semble que le pays se soumet à une guerre d'usure qui lui est imposée par l'Iran.

Les trois principaux fronts sont sous contrôle.

En Judée Samarie, pas d'Intifada. Tsahal procède à des opérations ponctuelles d'arrestations musclées contre des terroristes du Hamas. L'Autorité palestinienne est inexistante. Abbou Mazen est encore aux affaires et fait obstacle à toute élection.

C'est conforme à la "démocratie" qui sévit dans les pays arabes.

Au sud Liban, rien ne change depuis six mois. Tu tires, je t'envoie mes salutations en réplique. C'est le parallélisme des formes. Ce qui est insupportable mais avec peu de victimes devient réalité acceptable. Mais la zone de sécurité est en Israël et non au sud Liban. (Voir lettre précédente)

Et on nous explique que ni le Hezbollah ni Israël ne souhaitent entrer en guerre totale. Il suffit donc de persuader les 100.000 citoyens déplacés qu'ils doivent accepter leur sort dans l'intérêt supérieur de la nation. C'est un pis aller. Patience et longueur de temps....

En Israël, ce qui se passe loin de Tel Aviv passe au second plan. Les habitants de l'enveloppe de Gaza et Ashqelon le vivent depuis 20 ans.

Alors le Nord, vous savez....... C'est bon pour passer un chabbat au vert, et encore!

A Gaza, Tsahal remplit tous ses objectifs. L'axe de Philadelphie est sous contrôle. Chaque jour qui passe voit Hamas perdre de sa superbe, de sorte qu'il se peut qu'il finisse à accepter les exigences de Netanyahu dans le cadre des négociations concernant les otages. Désarmement et soumission. On a le droit de rêver.

En résumé: Israël avance à pas comptés. Sans brio, sans aboutir à faire libérer les otages, en faisant peser le poids économique de la guerre sur ses citoyens. La mentalité d'un pays en guerre depuis sa création implique que les parents acceptent de sacrifier leur progéniture pour la gloire de la nation.

A la guerre comme à la guerre!!

Zoom arrière.

Netanyahu a découvert la pierre philosophale. Ou plutôt a découvert le fil à couper le beurre.

Il vient de nous expliquer que le Hamas a anticipé le 7 octobre sur les plans iraniens. Il a agit en électron libre, en freelance.

Mais quoi?

L'Iran avait pour projet d'attaquer massivement en déversant des milliers, des centaines de milliers de missiles, tout son arsenal, avec l'appui de tous ses proxies qui encerclent Israël, Hamas inclus.

Bref, raser Israël en débordant les systèmes de défense. L'opération de la nuit du 14 avril 2024 serait un ballon d'essai, un prélude, un amuse-bouche.

L'affaire se doit d'être prise au sérieux. Mais le moment n'était pas venu. Il est clair que la toile tissée par l'Iran n'est pas achevée. La Jordanie manque au puzzle. En Syrie, Tsahal frappe régulièrement pour mettre en échec le stockage d'armes.

Le Hamas aurait du attendre les ordres. Il a surpris Israël, mais l'Iran itou!

C'est la raison pour laquelle le Hezbollah n'a pas attaqué et n'attaquera pas Israël frontalement. Ici aussi patience et longueur de temps.....

Dans l'immédiat la guerre d'usure. Affaiblir l'ennemi. Et frapper au moment propice. La date ultime: 2040

Vous avez les montres, nous avons le temps. (Proverbe africain bien connu)

En interne.

Un premier ministre contesté, dénoncé, mis en accusation, mis au pilori, délégitimisé. Mais qui refuse toute responsabilité et continue de reporter toute enquête officielle aux calendes grecques.

Le pays tire à hue et à dia. Son cornac dit tout et son contraire. 

Le dernier mensonge vaut son pesant d'or. Netanyahu s'est vanté d'avoir eu raison de forcer les réticences du chef d'état major lequel trainait les pieds pour lancer l'opération à Rafah et de l'axe de Philadelphie pour ne pas incommoder les Egyptiens.

Il s'est donc attribué le succès de cette opération. En réaction le chef d'état major Hartzy Halevy a dénoncé ce mensonge en exigeant des excuses.

Excuses que bien entendu il n'a pas obtenu. 

On sait que le ministre de la défense Galant est en opposition avec Netanyahu. 

C'est un comble en temps de guerre. L'état major aussi? Est-ce la raison de cette guerre atypique où Israël piétine, avance à reculons.

Où se trouve l'unité, la solidarité, l'union sacrée?

Une dissonance à tous les étages. 

Mêmes les familles d'otages l'ont pris en grippe. Lui qui jongle entre une volonté affichée d'aboutir dans les négociations, tout en mettant la barre suffisamment haute pour qu'elles n'aboutissent pas.

Un numéro qui dure depuis de longs mois mais qui commence à lasser. Leur ment il à la figure? Entre les otages et la poursuite acharnée de la guerre pour une victoire totale, il a choisi.......de ne pas choisir!

Et sa dernière algarade laisse pantois: « certes les otages souffrent, mais ils ne meurent pas ». C’est dur à avaler quand on sait que ses enfants sont bien à l’abri. Et dans la même phrase il répète qu’il faut tout faire pour les libérer, tout en ajoutant une condition supplémentaire qui a fait bondir le chef de l’équipe de négociation: mettre en place un mode de contrôle pour éviter le retour de terroristes en armes vers la partie nord.

A quel jeu joue t il ? Veut il torpiller les négociations?

Une plaisanterie de ses opposants le blâme: "Nul n'a jamais surpris bibi à dire la vérité".


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