Lettre 269 Stratégie de la retenue ou guerre totale

 

Combien de temps est-il possible d'exposer la population du Nord aux attaques destructrices et mortelles du Hezbollah?

Une bombe (ou un drone) a explosé à Majdal Shams, sur un terrain de foot où jouaient des enfants druzes en cet fin de Chabbat. (Les Druzes sont un peuple discriminé en terre d'Islam, de religion abrahamique proche de l'ismaélisme, ils servent dans Tsahal et se considèrent comme citoyens à part entière)

10 morts sinon plus et une trentaine de blessés.


Station de ski Majdal Shams au pied du Hermon

Selon le cabinet de guerre, la priorité était fixée sur l'éradication du Hamas à Gaza puis le tour du Hezbollah au sud Liban viendrait ensuite.

Cette conception laissait entendre qu'Israël ne pouvait se battre sur deux fronts. L'Etat major de Tsahal affirmait pourtant le contraire. 

Et depuis plusieurs mois, le front sud a été replié avec des combats sporadiques qui mobilisent peu de soldats.

Pourtant le front nord demeure statique et les frappes du Hezbollah ont franchit un cap inadmissible sans que l'on sache vraiment quelle est la force et l'ampleur des répliques israéliennes.

Il était bien évident que tôt ou tard un tel drame allait arriver. C'était écrit en toutes lettres sur les murs. Le dôme de fer n’est efficace qu’à 98% !!!

Faut il continuer la même politique de retenue? Tsahal a t il les moyens d'anéantir les forces du Hezbollah. Possède t il les armements nécessaires? L'appui de Biden?

On sait que le président américain avait jusque la freiné des quatre fers pour éviter un conflit direct avec l'Iran, car envahir le Liban équivalait au franchissement d'une ligne rouge.

Autre question:  

Qui a raison, qui a tort?

Le 7/10 impose la suppression de la menace sécuritaire. Le Hamas doit être éradiqué de la bande de Gaza, pour le moins comme force militaire et comme gouvernant.

C'était la stratégie de Tsahal, du gouvernement, du peuple uni derrière son armée. Oubliée la division politique de la réforme judiciaire.

En parallèle, la souffrance des familles d'otages a enflé jusqu'à devenir une question nationale, un devoir impérieux, incontournable. 

Devant ces deux impératifs, Netanyahu a choisi "Gam ve gam", les deux mon général!!

Aux uns à sa droite, il disait que sa priorité c'était l'éradication du Hamas, la victoire totale.

Aux autres, à sa gauche, il déclarait tout faire pour la libération des otages. Tout faire? Ce qui supposait aboutir à une négociation...... Ou espérer que l'action militaire permettrait de les libérer par la force. 

Il a joué sur les mots. Sur les deux tableaux.

En fait, il a expliqué qu'en exerçant une pression militaire, il suivait son plan initial d'éradication du Hamas, et favorisait en même temps les possibilités de négociation en obtenant les meilleures conditions. 

Mais au moment où ce plan semble avoir réussi, et que les conditions qu'il a lui-même fixées ont été acceptées par le Hamas, Netanyahu lance le bouchon plus loin. Il ajoute et ajoute de nouvelles conditions.

Il refuse de quitter l'axe de Philadelphie. Il a certes raison sur le plan militaire même si Tsahal considère qu'il est possible d'y revenir à chaque instant.

Ce qui repousse d'autant les négociations, les met en danger, les torpille. 

Il est ainsi de plus en plus évident que sa priorité n'est pas la libération des otages puisqu'il a osé déclarer "Que certes ils souffraient, mais ils ne mourraient pas".

On a appris dans la foulée que plusieurs otages venaient de perdre la vie dans des conditions indéterminées, peut-être par des bombardements de Tsahal. 

On se souvient qu'au début de la guerre, Netanyahu avait annoncé que cette guerre serait longue et difficile, contre des terroristes planqués sous terre ou se fondant dans la population. 

Une guerre longue, se transformant en guerre d'usure dont on ne voit ni la fin, ni les acquis.

Ce double langage a été tenu dans son discours très apprécié devant les deux chambres du Congrès. Il a réitéré sa volonté d'aboutir dans les négociations.

Biden lui a demandé de signer. Maintenant. Tous les intervenants, état-major compris, lui demandent de cesser de temporiser. Les soldats meurent. Les otages aussi.

Qu'est-ce qui bloque?

Deux motifs.

Le premier, c'est le véto de Ben Gvir et Smotrich, dont l'idéologie s'oppose à tout compromis avec le Hamas, à toute cessation des combats. Ils veulent occuper la bande de Gaza et y implanter des colonies.

Le second, maintenir en vie cette coalition que les extrémistes précités menacent de couler si leurs exigences ne sont pas remplies.

Mais Bibi suit une voie tierce: Passer le cap du 28 juillet, date à laquelle la Knesset sera en vacation jusqu'au 27 octobre. Oui, pendant les trois mois qui viennent, son gouvernement sera hors de danger. Aucune possibilité de le faire tomber.

Alors, les otages peuvent bien attendre.

Et si son plan venait à aboutir? Imagine t on une reddition du Hamas? Selon des sources multiples et bien informées, le Hamas est affaibli, certes, mais loin de se rendre. Au contraire, il faudra des mois, voire des années pour l'étrangler, lui faire rendre gorge. Il lui resterait 15.000 combattants, soit la moitié de l'effectif initial.

Quelles conclusions tirer de ces éléments contradictoires? 

Peut-on à la fois satisfaire deux camps aux intérêts opposés? 

Le peuple milite pour la libération immédiate des otages. Mais est-il d'accord pour renoncer à l'éradication du Hamas, accepter qu'il se maintienne au pouvoir à Gaza.

Schizophrénie cornélienne.

Et l'attaque de ce jour, la plus grave depuis le début de la guerre, risque de rebattre les cartes. 

Mais le dilemme n'a pas changé.

Classer cet événement en pertes et profits ou entrer dans une guerre totale sur 7 fronts, et tout ça sans l'aide américaine.

Car le voyage de Bibi aux States, qui ressemble davantage à une sortie familiale qu'à une mission nationale, n'a apporté aucun soutien réel tant les paroles sont déjà envolées.

Netanyahu a été invité à mettre fin au conflit en acceptant le deal pour libérer les otages.

Bref un choix d'une simplicité biblique: Arrêter la guerre ou entrer dans une guerre totale très incertaine.

Et comme toujours, Netanyahu comme Bibi peut choisir la voie moyenne, frapper fort au sud Liban en représailles puis continuer comme avant. Imposer aux Israéliens de supporter l'insupportable face à son absence de décision.

Mais pendant ce temps la coalition poursuit son bonhomme de chemin. N'est-ce pas l'essentiel!!!

Un peu d'humour dans ce contexte douloureux.

Le médecin à son patient: "Mr Blum, je vais rechercher un remède plus efficace à votre diabète. Il y a des avancées importantes dans ce domaine"

Le patient affiche un visage réjoui.

Le médecin prend son Vidal et se lance dans une recherche minutieuse: "D, dia, diabè, diabète..." dit-il en feuilletant les pages.

Pendant ce temps on entend la sonnette de la salle d'attente annonçant l'entrée successive de plusieurs patients. Le médecin comprend qu'il prend du retard.

"Bon Mr Blum" dit-il en refermant bruyamment son Vidal, "on va faire comme d'habitude" et de lui remettre une ordonnance avec les mêmes médicaments.

Le patient sort décontenancé.

Que devraient penser de cette histoire les habitants du Nord, privés depuis 10 mois de leur domicile, exposé aux destructions, aux blessures, aux enterrements. Face à l'absence d'action, face à l'insécurité grandissante.

Mieux vaut être seuls que mal accompagnés dit-on.

En l'occurrence, l'événement du jour démontre que seuls, nous sommes vulnérables et sans possibilité de défendre notre territoire.

Ce constat est désolent.

Alors autant arrêter les dégâts. Ou changer de médecin.

Mais ce docteur Knock a son Vidal bien en main! Et dans sa salle d’attente se trouvent deux patients qui lui dictent quels médicaments administrer.

 

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