Lettre 274 Tsahal choisit les frappes préventives
Que s'est-il passé ce lundi 25 aout 2024 à 4h37 du matin?
On se souvient de l'élimination ciblée du commandant du Hezbollah Fouad Shukr qui a eut lieu à Beyrouth 30 juillet dernier en représailles de l'attaque sur le village druze israélien de Majdal Shams qui avait causé le 27 juillet la mort de 12 enfants qui jouaient sur un stade de foot.
Israël avait promis de punir cet action terroriste. Depuis 2013, Fouad Shukr figurait sur la liste des terroristes recherchés par les USA et sa tête était mise à prix avec une récompense de 5 millions de dollars.
En réaction, le Hezbollah avait décidé de venger cette élimination ciblée par une attaque massive. Cette menace venait en parallèle à la menace directe iranienne en répression à l'élimination ciblée d'Ismaïl Haniyeh le 31 juillet à Téhéran, dans une frappe attribuée à Israël, alors qu’il venait d’assister la cérémonie d’investiture du nouveau président de la République islamique.
Si l'Iran n'a pas encore mis sa menace à exécution, le Hezbollah l'a précédé le 25 août dernier en tirant sur Israël des centaines de roquettes et drones d'attaque non seulement sur le Nord d'Israël, mais sur le centre avec intention de frapper les bases militaires, dont la base secrète de renseignements de Glilot qui se trouve aux abords de Herzlya.
Pourquoi le 25 août? C'est le 40ème jour de la Achoura, jour de la commémoration du massacre de l'imam Hussein petit-fils de Mahomet lors de la bataille de Kerbala en 680. Le deuil se poursuit pendant 40 jours tombant cette année le 25 août.
Il paraissait assez évident que cette date serait choisie pour la réplique du Hezbollah.
Mais comme on le sait, l'Iran ne veut pas s'impliquer actuellement dans une guerre régionale, ce pour plusieurs raisons:
* La présence d'une lourde flotte américaine prête à intervenir
* Le risque de sanctions économiques
* La réplique massive d'Israël et la destruction de ses sites nucléaires
Les services de renseignements israéliens et américains étaient prêts. Ils avaient détectés les préparatifs depuis le sud Liban et une frappe préventive a été décidée par l'aviation de Tsahal.
Il s'agissait de tuer dans l'œuf l'opération Chiite en détruisant toutes les rampes de lancement. Il avait même été envisagé de lancer une contre attaque en pénétrant le sud Liban pour repousser le Hezbollah et en détruisant toutes ses installations dans l'ensemble du pays, pour réduire considérablement et pour des années sa force militaire.
Mais le cabinet de guerre, sur pression américaine, a décidé de limiter l'opération à la l'anéantissement de la menace immédiate. En échange, les USA garantissent la sécurité d'Israël par son parapluie militaire et sur le plan international.
On remarquera ici que la position de Netanyahu a changé. Dans cette guerre aux fronts multiples, Israël a un besoin impératif de l'aide américaine et Bibi s'abstient désormais de toute critique envers Biden, en s'alignant sur ses exigences. Pour autant qu'elles ne sont pas contraires à ses propres impératifs.
Un autre paramètre n'est pas sans incidence: Téhéran dispose de la matière première pour fabriquer plusieurs bombes atomiques et serait au stade de la mise au point. Or Israël a besoin de l'appui américain pour annihiler cette menace.
Revenons à nos moutons!
Nasrallah avait pour stratégie de lancer une attaque sur la Galilée pour tenter de détruire les bases militaires où se trouvent les opérateurs du Dôme de Fer. En cas de succès, les tirs devaient ensuite atteindre les bases de renseignements autour de Tel-Aviv.
Surprenant le Hezbollah, à 4h42 une centaine d'avions de combat ont attaqué et détruit 40 sites de lancement de drones et roquettes de longue portée qui étaient prêts à tirer sur le centre d'Israël.
Vers 6h30, le Hezbollah a repris les hostilités et a tiré sur la Galilée à partir du sud Liban. L'aviation a alors envoyé une seconde vague d'attaque.
Et ce qui n'avait pas été abattu par les avions, a été détruit par le Dôme de Fer en parfaite coordination.
Malgré cette attaque préventive, de nombreux projectiles se sont abattus sur les villes de Galilée causant des dégâts importants mais sans faire de victimes notoires. Néanmoins, un marin près des cotes à été mortellement touché par un éclat du Dôme de fer.
Pendant deux bonnes heures, les sirènes ont retenti et les populations se sont réfugiées aux abris.
Le Hezbollah a initié une nouvelle stratégie: Tirer des salves serrées de 30 à 40 missiles précis et de courte portée sur différents sites. De façon simultanée, il a tiré des dizaines de drones d'attaque avec pour intention de submerger le dispositif du Dôme de Fer et d'épuiser son stock de munitions.
Il faut savoir que ces drones volent à basse altitude et que la conformation géographique montagneuse de la Haute Galilée rend difficile leur détection par les opérateurs du Dôme de Fer qui les voient apparaitre sur leur radar au dernier moment.
Et ce contrairement aux tirs depuis Gaza où la topographie plate permet de donner l'alerte dès le départ du tir et facilite son interception.
Voilà pourquoi l'occupation du sud Liban donne un avantage stratégique important car elle permettrait à Tsahal de neutraliser plus facilement les tirs et rétablir la sécurité en Haute Galilée pour permettre le retour des populations dans les villes comme Kiryat Shmona, désertée depuis le début de la guerre et gravement endommagée.
Cette attaque préventive nous apprend qu'en cas de tirs massifs, Tsahal devra faire des choix sur les cibles à protéger en priorité: Bases militaires, centrales électriques, usines chimiques... Et cela suppose que la population adopte une discipline exemplaire pour se protéger contre ces attaques car tout le pays ne peut être défendu.
Et c'est ici qu'il faut s'interroger sur la stratégie qui a été adoptée par la cabinet de guerre.
Le lendemain du 7 octobre, l'état-major était favorable à une réplique immédiate et massive contre le Hezbollah en ouvrant ainsi un second front au Nord.
Mais cette option a été écartée par Netanyahu lequel avait fixé l'éradication du Hamas de Gaza comme front prioritaire. Il fallait éviter une guerre régionale totale, éviter une intervention directe de l'Iran. Puis dans le cadre des négociation pour la libération des otages, le gouvernement a tenté de calmer le jeu au Nord en laissant entendre qu'une trêve pourrait intervenir avec le Hamas.
Il y avait aussi la question du manque de soldats pour tenir deux fronts simultanés et la question délicate des munitions que l'Amérique retenait pour freiner cet affrontement qu'elle voulait à tout prix éviter.
Mais la situation a changé puisque depuis trois mois au moins, les effectifs qui opèrent à Gaza sont réduits et ont été déployés sur la frontière nord ce qui induit une possible incursion au sud Liban.
Avec un bémol important sur lequel il nous faudra revenir: La Judée Samarie à feu et à sang depuis quelques semaines constitue un front nouveau.
L'Iran fournit au Hamas armes et finances par la Syrie et la Jordanie dont la frontière est poreuse et mal contrôlée.
On sait désormais qu'une guerre de longue haleine est enclenchée. Il y a toujours un trou dans la raquette; aucune défense n'est hermétique. L'Iran adopte une stratégie dangereuse: Affaiblir Israël et frapper massivement au moment opportun.
Mais il est impératif qu'Israël demeure le maître des horloges.
Les défis qui s'annoncent sont incommensurables.
L'attaque préventive de ce lundi est l'une des armes que Tsahal devra exacerber. Il possède des moyens militaires qui n'ont pas encore été utilisés. A ce jour ses succès en défense sont méritoires.
Le Liban en pleine faillite risque la destruction. Reste à savoir quand Israël décidera d'attaquer.
Le Talmud Bavli (De Babylone) nous enseigne: "Ha Ba le Argeh'a, Hashkem le Argo"
A qui vient te tuer, lève toi avant lui pour le tuer.
Cette attaque préventive qui avait été salutaire pendant la guerre des six jours en 1967.
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