Lettre 275 Le complexe de Sisyphe

 Sisyphe, le complexe israélien.



Dans la mythologie il est le plus astucieux des hommes. Pour avoir osé défier les dieux, Sisyphe fut condamné à faire rouler éternellement jusqu'en haut d'une colline un rocher qui en redescendait chaque fois avant de parvenir au sommet.

Voila donc 76 ans qu'un peuple revenu sur sa terre s'épuise à faire et refaire la même besogne sans jamais aboutir.

Cat nous avions vraiment l'impression avant le 7 octobre que "ça y est!" en hébreu: Yesh! Nous sommes arrivés au sommet de la montagne.

Et patatras, nous sommes retombés au plus bas depuis la Shoah. La guerre sur tous les fronts, le terrorisme suicidaire est de retour. Le Monde observe le rocher qui dévale comme s'il faisait partie d'une punition de notre arrogance.

Mais qu'alliez-vous chercher dans cette galère orientale?

Mais en Israël, comme chaque jour apporte son lot de mini victoires et maxi désastres, la population demeure la tête sous l'eau et ne voit pas l'éléphant dans son salon.

Cet éléphant que Netanyahu manipule avec dextérité tel le marionnettiste dans le petit théâtre de Guignol.

Depuis 11 mois il nous a expliqué qu'il y avait deux priorités: Eradiquer le Hamas par une victoire totale et permettre ainsi la libération des otages. Certains ont compris ou ajouté "par la négociation ou par la force".

Quel aveuglement!

Car ce n'est ni l'un ni l'autre.

Pour le Hamas, il avait annoncé une guerre longue, de un à trois ans. Une année est presque passée, on planche donc plutôt sur trois ans. Ou plus si affinité.

La vérité, Netanyahu n'est pas pressé.

Pour les otages, il savait qu'on ne fait pas la guerre avec 250 otages entre les mains de terroristes. Il a donc considéré cette option comme le toit ouvrant d'une voiture. Si c'est cadeau, pourquoi pas. Mais se retirer de Gaza et arrêter la guerre, jamais. 

Pourtant les familles d'otages se sont jetées à ses pieds lorsqu'il a affirmé "tout faire pour leur libération". Tout, mais alors tout. Et lorsque l'accord semblait à portée de mains, il a ajouté des conditions complémentaires sachant qu'elles seraient refusées par le Hamas.

Et ce jour, nous avons reçu six cercueils. Six otages assassinés juste avant l'arrivée des soldats qui poursuivaient les terroristes dans un tunnel.

Ceux-là même qui auraient pu faire partie des libérables en cas d'accord. Preuve qu'avec des terroristes, la force militaire est un arrêt de mort pour les otages. Qui en doutait?

Mais en matière de mensonge, plus grosse est la ficelle plus la machine fonctionne! (Jacques Chirac)

Et que nous chuchote cet éléphant dans le salon que nul n'entend véritablement: La "victoire totale" est celle de Netanyahu et de son gouvernement de la Commedia dell'arte. Toujours là malgré les 80 % d'Israéliens qui pensent qu'il doit démissionner. Mais ils n'ont pas dit quand!

Certainement pas en temps de guerre. Et comme elle va durer dix ans, il y a de l'eau devant.

Bon, interprétons de près les barrissements de l'éléphant. Quel est le plan de Bibi pour Gaza.

Car mis à part sa survie politique, il en a forcément un. Et pas des moindres.

Faire cuire Sinouar à petit feu. OK, il finira bien par tomber ou fuir sous les habits d'une femme. 

Netanyahu refuse de laisser la population de Gaza remonter vers le Nord, vers Gaza ville au-delà de l'axe de Netzarim qui coupe la bande en deux. Ainsi dit-il, Tsahal peut manœuvrer sans que le Hamas puisse se cacher derrière la population. 

L'éléphant remue ses oreilles d'approbation.

Et comme cette zone est quasi rasée et que personne ne se propose pour gouverner à la place du Hamas, il faudra bien qu'Israël l'occupe dans l'attente d'une décision bien improbable de l'ONU. 

Occuper c'est bien, reconstruire et exploiter c'est mieux; il y a pour cela suffisamment de colons prêts à la tache. Ces 8.500 colons qui en ont été virés manu militari par le gouvernement Sharon en 2005 et qui sont prêts à reconstituer le Gush Katiff.

La main-d'œuvre palestinienne serait parquée dans le Sud et n'aurait pas d'autres sources de revenus.

Mais nul n'est sensé demeurer dans la confinement. Ces Palestiniens pourraient bien choisir de s'exiler, en Egypte ou ailleurs dans le Monde. Il ne manquera pas de bonnes âmes en France ou en Allemagne pour leur ouvrir les portes en grand, n'en déplaise à monsieur Zemour.

L'éléphant barrit d'aise.

Car il faut bien résoudre le problème de cohabitation. Cote à cote, impossible. Donc l'un des deux doit partir. Ce sera donc eux ou nous.

Et la Judée Samarie qu'il convient désormais de nommer Palestine car elle est en feu. Même principe? Eux ou nous? La vie des colons va devenir intenable. Ils seraient 400.000 face à 2.000.000 de Palestiniens "pacifiques" mais prêts à enrôler et sacrifier leurs enfants dans les rangs du Hamas qui s'affaiblit à Gaza mais se renforce en Palestine.

Derrière ce front nouveau il y a un autre marionnettiste; l'Iran; et pas moins habile que le notre. Il a surtout les mains plus libres. Car le prix de la vie n'est pas le même. Le peuple est soumis sans qu'il soit besoin de lui mentir. Il suffit d'invoquer les dieux de l'islam.

L'éléphant secoue sa trompe de gauche à droite en signe de méfiance.

Il faut impérativement ramener cet éléphant dans sa cage au zoo et provoquer des nouvelles élections.

A moins qu'on accepte sa politique d'occupation et de transfert dirigée par ben Gvir et son ami Smotrich, les deux Gnafron de ce théâtre de Guignol.

Mais au fait, quel a été le sort final de Sisyphe?

La mythologie grecque n'en parle pas.

Dans son essai philosophique, Le Mythe de Sisyphe, Albert Camus qualifie Sisyphe d'ultime héros absurde. Il y établit pourquoi la vie, malgré l'absurdité du destin, vaut la peine d'être vécue : « Il n'est guère de passion sans lutte »« Il faut imaginer Sisyphe heureux » dit Camus. En effet, Camus considère Sisyphe comme seul maître de son destin : « Son rocher est sa chose. »

La guerre contre l'Islam serait donc le destin caché d'Israël.

Dans son Guide des égarés, Jean d'Ormesson évoque le mythe de Sisyphe et de sa pierre. C'est une métaphore du devoir de l'acquisition de la justice parfaite.

Mais alors quelle sanction éternelle.  

Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage. (Nicolas Boileau)

A vous d'écrire la fin de cette histoire en apothéose ou en drame.

Mais dans l'immédiat il y a deux choses incontournables: 

* Israël ne peut accepter l'abandon des otages. Son destin est gravé sur le leur.

* On ne confie pas la direction de la guerre à ceux qui en sont les responsables et les coupables.

Il est désormais clair que la réforme judiciaire et la grave fracture populaire qui en est résultée fut le moteur de l'opération mortifère menée par le Hamas. Netanyahu avait reçu la veille du vote une alerte de "guerre imminente" par le chef des services secrets israéliens. La réforme avait été maintenue. C'est l'œil de Caïn qui poursuivra Netanyahu.

Le 7 octobre prochain, lorsqu'aura lieu la cérémonie de commémoration, le peuple se soulèvera au nom de ces deux principes immuables.

Il n'acceptera pas que l'éléphant continue à occuper le salon. S'il l'accepte, c'est le peuple qui vivra en cage dans le zoo.

Commentaires

  1. Dans une démocratie, les gouvernements tombent aux élections. La règle s’applique même pour Natanyahu. Les prochaines élections sont prévues le 27 octobre 2026.

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    1. En temps de guerre les elections peuvent être suspendues .Le président Zelensky en Ukraine, n est plus légitime depuis mars 2024; Mais là n est pas trop la question,beaucoup de ce qui se passera en Israel et ailleurs dépendra de qui sera le prochain Président des USA.

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    2. bonjour facile a dire quand on ne recoit pas de roquettes nous a Ashdod c est la premiere fois depuis plus de 15 ans que l on ne court pas dans les abris ca n est pas B Netanyahou qui tue les otages ce sont les animaux du hamas alors ca suffit de lire des betises quand on est pas sur place

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    3. &Sheldon a toujours connu des périodes d’accalmie et de tirs.
      Mais on ne peut que se féliciter du calme actuel. Par contre, l’insécurité n’a fait que se déplacer voire se généraliser. Le Hezbollah a les moyens de tirer sur tout le pays. Alors quelle vision pour le pays? Moi ça va, les autres ne me regardent pas ?
      Quant aux otages, chaque attaque sérieuse sera répondue par quelques cercueils. Mais certains font un trait sur cette blessure prétendant qu’ils sont tous morts. La preuve que non. Je ne cautionnerais pas un pays qui abandonne mon enfant entre les mains de terroristes. Vous si?

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  2. alors on verra por les elections en 2026

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    1. Dans quel situation sera le pays dans deux ans? A genou? Exsangue?

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  3. C est terrible pou les otages tsha

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    1. je disais c est terrible our les otages et aussi pour nos jeunes soldats mais une fete le jour de simha tora c est terrible aussi .que dieu protege totes leurs ames

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