Lettre 277 Comment Netanyahu a torpillé les négociations

Les otages représentent un capital entre les mains du Hamas.

Ce capital doit lui permettre d’assurer sa survie.

Si ce capital perd sa valeur, Hamas les exécutera parachevant ainsi la tuerie du 7 octobre.

Personne dans le monde ne s’en émouvra, tout comme personne n’a levé le petit doigt pour les six otages lâchement exécutés. 

Ils seraient cent encore en vie. Avec leur famille, cela représente un petit village français.

Subitement la question des otages qui n'était qu'un élément douloureux de la guerre, devient incontournable, prioritaire, une question fondamentale de la société israélienne, ce d'autant plus que la négociation est en panne.


Sinouar, l'homme à abattre

La trêve de novembre a permis de libérer 110 otages. Preuve qu’une négociation est possible, même avec ces terroristes cruels.

La seconde négociation qui dure depuis plus de 6 mois s’éternise. Pourquoi? Le prix à payer.

Netanyahu serait humainement prêt à payer le prix exigé par le Hamas. Sortir de Gaza. N’a t il pas libéré plus de 1000 terroristes avec du sang sur les mains contre le seul soldat Gilad Shalit?

Mais pas si simple.

Deux camps s’opposent sur fond politique.

Le clan Biden, état-major militaire, services secrets, masse populaire avec le soutien de l’opposition, milite pour la conclusion de l’accord. 

Il prévoit un premier stade de 42 jours de trêve contre libération de 33 otages. La planète continuera à tourner pendant cette période sans grand changement, sauf que tout le monde y trouvera un peu de répit.

Mais qui donc se trouve dans l’autre clan? Les partis religieux? Que nenni. Ils ont rappelé que selon le Talmud, il n’y a pas de plus grande Mitzwa (bonne action) que פדיון שבויים (Pidyion chevouyim = Libération des prisonniers)

Même contre la libération d'un millier de terroristes avec du sang sur les mains.

Alors qui?
Nos deux ministres de droite extrême, Ben Gvir et Smotrich, ceux qui tiennent Bibi par la cravate avec la menace ostensible de faire tomber le gouvernement s’il accepte les conditions du Hamas.

Ces sionistes nationalistes messianiques religieux ont pour priorité la réalisation du Grand Israël impliquant la négation de la Palestine et son annexion pure et simple. Et dans l’immédiat, refusent la libération des milliers de terroristes qui engorgent les geôles du pays.
Ils sont déterminés.
Le chemin est étroit, il ressemble à un numéro de funambule, exercice dans lequel Netanyahu excelle. 
Il a donc imaginé un narratif, une vision sécuritaire impérative qui colle à une certaine réalité. Bref, une couleuvre qu’il fait avaler aux siens et aux indécis: Le syndrome de Philadelphi.
Et ça marche.

Mais il y a une autre vérité que nul n’a dévoilée.
Un chemin conséquent a été parcouru pendant 11 mois; Hamas est affaibli et chaque matin, Netanyahu se lève dans l’espoir d’une bonne nouvelle. 
Des otages libérés par Tsahal.
Une reddition massive de terroristes.
Un soulèvement de la population à Gaza.
Sinwar arrêté ou abattu.
Voilà qui arrangerait bien ses billes!
Mais curieusement aucun de ces scénarios ne se concrétise. Bizarre!
Le contraire se produit. Six cercueils.
Et demain cette stratégie du pire qui nous pendait au nez, se reproduira chaque fois que la pression militaire sera sur le point de toucher au but. Les soldats ne libéreront que des cadavres.
Hamas alias DAESH appuie là où ça fait mal. 
Une souffrance d’otages en vie, une souffrance plus terrible d’otages exécutés.
Nous avons aussi un mantra:
"On ne fait pas la guerre avec 250 otages entre les mains de terroristes". 
Leur libération est la seule victoire car elle permet de garantir au peuple la sécurité et la confiance qui doit revenir avec Tsahal et l'ensemble des dirigeants.

En résumé, sachant que la transaction prévoit la libération d'environ 1000 terroristes, condition acceptée par Bibi mais refusée de plano, non sans raison, par nos deux tristes sires précités, Netanyahu nous fourvoie sur une voie de garage prétextant que l’occupation de cette frontière avec l’Egypte est vitale.

Il sort un lapin blanc du chapeau devant le public médusé. Les familles d’otages hurlent. Personne n’entend plus leur voix. Tous regardent le lapin. Renoncer à l’axe de Philadelphi, quitter Gaza c’est mettre le pays en danger.
Comme s'il n'y avait pas plus grave ailleurs!
On ne voit plus les deux éléphants dans le salon. Ils se taisent; ils ont obtenu ce qu’ils exigeaient.
Bravo l’artiste!!

Demain matin le jour se lèvera avec une bonne nouvelle, et sinon demain, après demain. Chanson israélienne bien connue, de Naomi Shemer, incantation à une paix qui ne vient pas. Composée en 1930, presque un siècle!!
(Suivre ce lien)


Morale:
Quand l'indien s’est fourvoyé, il lui faut toujours revenir au point où il s’est trompé et repartir du bon pied.
Où se trouve ce point d'égarement dans la négociation pour la libration des otages? Le 27 juillet lorsque Bibi a chamboulé son propre plan du 27 mai que le Hamas avait accepté dans les grandes lignes.
Rappelons que le plan prévoyait une première période de 42 jours de trêve humanitaire avec libération de 33 otages et retrait de Tsahal, et pendant laquelle les parties doivent finaliser une négociation sur la libération d’un millier de terroristes contre le reste des otages. 

Voici le plan initial et les nouvelles exigences de Netanyahu
Retrait israélien
*Retrait progressif total de Tsahal 
* Liberté de circulation des populations
Ajout du 27 juillet:
Une carte annexe indique que Tsahal demeure sur l'axe de Philadelphie.

Une torpille!!
Bibi soutient actuellement qu’après la période de 42 jours, il accepte de réduire la présence militaire sur cet axe si on lui garantie l’absence de contrebande d’armes par les tunnels.

Désarmement de Gaza
* Interdiction de passer avec des armes entre le Sud et le Nord de Gaza. Mais sans contrôle effectif israélien.
Ajout du 27 juillet:
Contrôle du désarment par "moyens convenus à l'avance".

Liste d'otages
 * Hamas libère 33 otages israéliens (Vivants ou les dépouilles)
Ajout du 27 juillet:
* Liste nominative de 40 personnes à supposer qu'ils soient encore en vie, par rapport à laquelle Hamas doit choisir 33 otages qu'il doit libérer à titre humanitaire.
Cette liste intègre quatre des six otages qui ont été exécutés la semaine dernière.
Trop tard, ils sont morts. Mais on peut comprendre l’exigence de Netanyahu, sauf que le temps presse.

Exil
* A la seconde phase ( Après 42 jours de trêve) libération des tous les soldats en échange de terroristes 1 pour 50. 
* 50 terroristes condamné à vie seront expulsés à l'étranger ou à Gaza selon modalité à convenir.
Ajout du 27 juillet:
Jusqu'à 200 de ces terroristes seront exilés à l'étranger. Il n'est plus question de gaza.

Passage de RAFAH
Après libération de tous les soldats:
* Libre passage de marchandises depuis Israël vers Gaza.
* Accord de principe sur la possibilité pour certains blessés (Activistes du Hamas ou civils) de bénéficier de soins dans les hôpitaux israéliens.

Ajout du 27 juillet:
Suppression de cet engagement laissé au bon vouloir d'Israël.

Ca n'a l'air de rien mais c'est énorme.

Selon Netanyahu, ces ajouts ne seraient qu'un avenant de détails, mais une source autorisée de l'équipe de négociation le qualifie de "codicille du sang" car depuis le 27 mai, les quatre otages exécutés auraient pu être chez eux avec leur famille.
Selon cette même source, alors que l'accord était à portée de mains, Netanyahu a retiré son accord par cet avenant qu'il savait ne pouvoir trouver l'agrément de Sinwar.
Il aurait donc volontairement torpillé les négociations pour éviter la trêve.


Il semble que Sinwar ait compris que Netanyahu n’avait pas l’intention de passer au second stade, préférant poursuivre le conflit en se contentant de la libération des 33 premiers otages.
Le plan est donc caduc (Sic).

Les Américains relancent une "ultime dernière" proposition, mais qui y croit encore?
Un pessimisme général s’est installé puisque chaque partie augmente ses exigences.
Si la question des otages est devenu « LE SUJET », il ressemble à la muleta rouge du toréador qu’il agite devant le taureau,  mais sans jamais donner l’estocade. Paroles paroles…..
Le drame est en route.
Sinwar veut mourir drapeau en tête.
Netanyahu est prêt à tirer en longueur dans l'attente de ce jour béni. Son plan: Occuper Gaza, l'annexer  et y implanter des colonies.


Et si ce n'était qu'un conflit tout personnel entre ces deux dirigeants? Du style "Je l'aurai, un jour je l'aurai....!! 
On pourra en faire une belle série télévisée!

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