Lettre 278 L'Iran à nos frontières

Israël n’a pas de frontière avec l’Iran, mais l’Iran est à nos frontières.

Il faut intégrer cette réalité. Il ne s’agit pas seulement de proxies à caractère terroriste, mais de la main armée de l’Iran. 

Ces frontières sont aussi poreuses que du gruyère. 

Au Nord, la frontière avec le Liban a dû être renforcée ces dix dernières années pour protéger les villages situés à proximité directe. Mais on sait combien la topographie rend cette défense difficile.

Coté Syrie, il y a une zone tampon démilitarisée sur le Golan côté syrien où se trouve la ville de Quneitra.

Au Sud, la frontière avec l’Egypte a été hermétiquement clôturée et aucune intrusion n’a été déplorée.

La frontière la plus longue est celle qui longe la Jordanie sur 309 km du lac de Tibériade à Eilat.

Un accord de paix a été signé le 26 octobre 1994 lequel fixe la frontière qui passe le long du Jourdain comportant trois passages:

* Passage du Jourdain (Pont du Sheikh Hussein) près de Beit Shean 

* Pont Allenby (Pont du roi Hussein) entre Palestine et Jordanie

* Pont Yitzhak Rabin (Passage Ha Arava)

La Palestine est adossée à cette frontière et sa population emprunte le passage Allenby pour se rendre en Jordanie pour voyager ou commercer.

Une partie de l’aide humanitaire destinée à Gaza passe également par cette frontière.

L’attentat (Trois morts) qui s’est produit au passage Allenby de pose problème. On sait que la population de la Jordanie est composée d’une partie non négligeable de Palestiniens qui ont fuit les combats en 1948 lors de la guerre d’indépendance puis en 1967.

Cette population s'identifie totalement à celle de Palestine et les massacres du 7 octobre ont donné lieu à des scènes de liesse avec distribution de bonbons.

La reine Rania, elle-même palestinienne, a refusé de se prononcer laissant entendre qu'elle n'avait rien entendu de tel!!

L'attentat s'est produit après le contrôle par les autorités jordaniennes dans le no man's land lorsqu'un Jordanien a ouvert le feu.

Le roi Hussein n'a pas pris position ni émis de message de condoléances tant la situation est sensible face aux manifestations populaires anti israéliennes qui se déroulent dans le pays.

Mais selon une enquête interne, il apparait que l'Iran déverse des sommes considérables pour recruter des activistes prêts à agir depuis la Jordanie.

L'affaire est sérieuse dans la mesure où il s'avère que depuis des mois, une contrebande massive d'armes iraniennes de tous calibres alimente la Judée Samarie en passant par la frontière jordanienne.

Et c'est un secret de polichinelle que la Jordanie est dans le viseur de l'Iran pour tenter de renverser le petit roi dont la position politique est très instable.

La situation deviendrait très critique pour Israël si un tel scénario devait se réaliser raison pour laquelle, Netanyahu ménage son homologue sans faire de vague.

Cet attentat du 8 septembre s'est produit à la veille des élections législatives et la aussi, cette action terroriste a été acclamée par une population dont plus 20 % est frappée par le chômage, surtout depuis l'arrêt du tourisme.

Encore un nouveau défi qui vient s'imposer à Tsahal car défendre cette frontière suppose la encore de mobiliser des troupes qui viendraient faire défaut sur les autres fronts.

La Judée Samarie qui, selon les positions politiques, est dénommée Palestine ou Cisjordanie, était sous contrôle ou occupation jordanienne de 1948 à 1967. Depuis cette date, elle est sous contrôle mixte, israélien/palestinien. 

Certains voyaient d'un bon œil qu'elle fut intégrée au royaume de Jordanie mettant ainsi un terme à la question palestinienne.

Cette solution avait une certaine vigueur après le traité de paix de 1994. Mais imaginons la suite si le royaume hachémite devait tomber sous la pression iranienne pour devenir un autre Hamastan aux faubourgs de Jérusalem ou à une distance de 15 km de Tel-Aviv.

Y a t il une bonne nouvelle dans ce contexte dramatique? 

Quand tout va mal, regarde-toi dans le miroir. (Proverbe chinois)

En France nous avons une chanson. "Tout va très bien Madame la marquise".

Mais qui se souvient des paroles, sinon de la mélodie.