Lettre 290 BIBIGATE

 Bibigate ou comment faire la guerre avec 250 otages en face.

Le 25 juin 2006, le soldat Gilad Shalit, citoyen franco-israélien est capturé par un commando palestinien qui attaquent un poste armé à la frontière sud d’Israël avec Gaza via un tunnel. Ils lancent une grenade dans un tank Merkava et tuent deux soldats. Shalit en sort vivant. Il est capturé.

Il sera échangé le 18 octobre 2011 contre 1.027 terroristes palestiniens dont feu Sinwar de sinistre mémoire. On sait que certains des terroristes libérés vont commettre des attentats meurtriers.

Cette transaction autorisée par Netanyahu sera très fortement critiquée comme une soumission au dictat du Hamas.

Le ministre Ben Gvir est un farouche opposant à toute négociation avec le Hamas qui mènerait à cesser la guerre dans la bande de Gaza et à évacuer celle-ci en laissant le Hamas en place.

Car telle a toujours été l'exigence du Hamas depuis le début de la guerre. Les otages représentent la monnaie d'échange qui devrait lui permettre de forcer la main à Israël.


Le journaliste Ronen Bergman. 

Fera t il tomber Bibi?

Mais au fil des mois, il s'est avéré que les négociations menées avec les Egyptiens, le Qatar et Joe Biden ne menaient à rien.

La pression populaire a enflé jusqu'à devenir intenable pour le gouvernement de Bibi, surtout lorsque l'essentiel des objectifs étaient atteints.

Mais on sait aussi que Ben Gvir développe en parallèle un plan qui vise à occuper la bande de Gaza pour y réimplanter des colonies comme au bon vieux temp du Gush Katif. (1967 à 2005)

Il est devenu clair que la survie du gouvernement passe par les fourches caudines de ce ministre activiste qui ne représente qu'une infime minorité de la société.

C'est la le point faible du régime parlementaire par excellence. Les petits partis dictent leur loi.

D'autre part, Netanyahu qui veut absolument éviter une enquête publique sur la catastrophe du 7 octobre, ainsi que des élections si Ben Gvir se fâche, est condamné à poursuivre cette guerre même contre l'avis de son état-major.

Il lui fallait donc trouver des arguments plausibles pour justifier son refus d'accepter les conditions négociées avec le Hamas.

C'est alors que commencent les manipulations de ce qui pourrait devenir le BIBIGATE.

1) Cela commence il y a plusieurs mois, par des fuites relayées par différents médias bien informés selon lesquelles seuls une vingtaine d'otages seraient encore en vie et serviraient de bouclier humain placé autour de Sinwar. Les services de renseignements israéliens n'ont jamais soutenu une telle affirmation destinée à venir conforter la position de Netanyahu selon laquelle Sinouar refusait de les libérer.

2) Le 2 septembre 2024, Netanyahu présente un document émanant d'un haut dirigeant du Hamas (?) développant la stratégie psychologique du Hamas pour diviser le peuple israélien au sujet des otages. Il s'agirait d'un faux.

3) Le 5 septembre, Netanyahu déclare à Fox News que seule la présence de Tsahal sur le corridor de Philadelphi permettra d'empêcher le transfert des otages à travers le Sinaï vers le Yémen et l'Iran. 

Et en même temps, dans le journal anglais Jewish Cronicle, un article est publié sur le fondement d'un autre document du Hamas qui confirme cette opération d'ex filtrage vers l'Iran.

3) Le 6 septembre, le journal allemand BILD publie un article sur la base d'un autre document émanant du Hamas (Fourni par qui ?) selon lequel cette organisation fera échouer toute négociation pour faire durer la guerre.

4) Le 8 septembre, Netanyahu se fonde sur cette publication pour soutenir la thèse de la guerre psychologique selon laquelle le Hamas se sert des familles d'otages et de ceux qui les soutiennent (Manifestants de Kaplan) pour semer la division et affaiblir le pays par une pression politique qui va nous détruire de l'intérieur. 

5) Le 9 septembre, Le journaliste Ronen Bergman du journal israélien Yediiot dénonce l'usage d'un faux document par le Jewish Cronicle concernant le transfert d'otages depuis le corridor de Philadelphi vers l'Iran. Il ajoute que le document utilisé par le journal BILD est classifié "top secret" et a été modifié pour coller avec la version du gouvernement sur la nécessité de se maintenir sur le corridor de Philadelphi. 

Devant la gravité des fuites, Tsahal déclare ouvrir une enquête.

6) Le 10 septembre, Sarah Netanyahu rencontre les familles d'otages et explique: "Il n'y a pas le choix, il y a des informations sur leur transfert vers l'Iran".

7) Le même journaliste Ronen Bergman expose que le document utilisé par BILD a été déformé de son sens. Il ne représente aucunement la position de Sinwar.

8) Le 12 septembre, le Jewish Cronicle reconnait que le document utilisé est un faux et que le journaliste a été renvoyé.

9) Le 20 octobre, l'enquête policière abouti à l'arrestation de plusieurs suspects dont l'un d'eux n'est autre qu'un proche de Netanyahu.

Il aurait été chargé d'une mission spéciale lui permettant d'accéder à des documents classifiés bien que le Chabak l'ait déclaré personne non fiable.

 Son rôle aurait consisté à diffuser des informations erronées pour faire accroire la thèse du gouvernement selon laquelle c'est le Hamas qui bloque les négociations et que le maintien sur le corridor de Philadelphi est un point stratégique non négociable.

On sait qu'au moment où les négociations étaient sur le point d'aboutir, Netanyahu avait ajouté des conditions qui allaient pousser le Hamas les rejeter.

Dns l'immédiat, Netanyahu et son entourage direct nient formellement toute implication et attache avec cette personne dont l'identité ne peut encore être dévoilée.

Devant la pression médiatique, Netanyahu semble vouloir placer l'affaire sous l'aspect politique alors qu'il s'agit d'une entorse majeure à la sécurité de l'Etat.

Certes, il est possible de chercher à persuader le peuple que la libération des otages à "tout prix" est contraire aux intérêts nationaux et qu'il faut absolument détruire l'ennemi.

Mais le problème initial demeure: 

* Peut-on confier la direction de la guerre à ceux qui ont failli. 

* La direction de cette guerre peut-elle être soumise au dictat d'un parti minoritaire qui menace de faire tomber le gouvernement.

* En usant d'un stratagème par manipulation de documents classifiés, Netanyahu n'a t il pas franchi une ligne rouge?

Les familles d'otages comprennent (Un peu tard) que toutes les affirmations de Bibi étaient de la poudre aux yeux. Elles crient au scandale.

Et pour le coup s'en est un!

Après le Watergate, le Bibigate?

On peut tromper une personne mille fois.... Vous connaissez la suite de Lincoln.


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