Lettre 297 Une trêve historique
Le calme revient progressivement.
Une aubaine.
Subitement on reprend confiance. Et si cet accord de cessez-le-feu tenait. Et s’il s’agissait d’une réussite historique. D’un fait accompli qui allait changer la face du Moyen-Orient.
Essayons de comprendre.
Le 7 octobre fut une attaque isolée du Hamas qui a surpris Israël mais aussi l’Iran. Le Hamas était sûr que ses acolytes devraient entrer dans la danse. L’Iran s’est contenté de mobiliser le lendemain son proxy du Liban, le Hezbollah, mais uniquement en utilisant l’artillerie lourde.
Et le Dôme de fer a été efficace.
Et cette indépendance du Hamas a fâché Téhéran qui finalement a traîné les pieds. Il a déployé le minimum syndical. Mais aurait il pu faire plus. Pas si sûr. On en est à se demander si ce pays dépourvu de toute aviation, constitue une menace réelle.
Le Hamas ne pouvait tenir bien longtemps face à Tsahal. Sinwar dégommé, il est en survie et au bon vouloir du gouvernement qui n’a encore rien décidé à son sujet.
Et voilà que la victoire de Trump a totalement changé la donne. Son idée fixe, revenir au pouvoir avec une fin de guerre qui lui permet de remettre en œuvre le plan du siècle, celui concocté par son gendre Jared Kushner: La normalisation avec l’Arabie Saoudite, la création d’un axe vertueux contre l’Iran et ses alliés sino-russe.
Ce même pays qui était prêt à se fiancer avec l’Iran après le 7 octobre lorsqu'Israël paraissait déconfit et que l’Iran était en passe de devenir la puissance régionale soutenue par l’axe sino-russe.
Mais Tsahal a renversé la table en deux petits mois et nous sommes face à un alignement des étoiles. Le puzzle s’imbrique de façon idéale.
Voilà pourquoi Netanyahu a accepté le plan.
Et l’accord de cessez le feu passé avec le Liban sous couvert des USA a été validé par l’Iran.
L’Iran qui a tant investi pour constituer cette force militaire vient de la perdre. Pire, elle l’abandonne à son sort sans réaction aucune. La réplique tant annoncée contre les frappes israéliennes sur son territoire tardent, ne viennent pas. C’est un signe de faiblesse.
Un aveu d’impuissance que les Saoudiens ont reçu 5/5. Un allié improbable aux pieds d’argile.
Cet accord a un corollaire: il exclut le Hamas. Or le Hezbollah avait soutenu mordicus qu’il ne cesserait ses tirs que lorsqu'Israël se retirerait de Gaza.
Le renoncement. Et il signe la victoire de Tsahal.
L’Iran ne fait pas que lâcher le Hezbollah, il lâche aussi le Hamas de facto en validant cet accord séparé.
Si on se laissait aller à un excès d’euphorie, on dirait que c’est la déconfiture.
Et c’est pas fini.
Tsahal va se retirer du Sud Liban pour laisser place à l’armée libanaise qu’il faudra équiper et renforcer. C’est le rôle des Américains. Ils devront éviter que ces armes finissent entre les mains du Hezbollah. La corruption est reine au pays du cèdre.
Des forces internationales vont prendre pied et vont devoir maintenir l’ordre s’ils veulent éviter les frappes israéliennes sur Beyrouth. A eux de se colleter avec les terroristes du Hezbollah. A eux de déguster!
La vision du conflit va évoluer.
Mais c’est pas tout!
Voilà qu’au sein même du Liban on reprend confiance sur le plan sociétal et politique. On sait que les Libanais vomissent le Hezbollah. Encore faut il que des hommes politiques s’insurgent; rétablissent la souveraineté du Liban
Dès l’annonce du cessez le-feu, le président du parlement a provoqué une réunion fixée au 9 janvier pour procéder à l’élection du président de la république qui était bloquée depuis deux ans par le Hezbollah.
Et l’émissaire spécial envoyé par Macron, monsieur Le Drian est à la manœuvre pour soutenir cette démarche de concert avec le quintette composé de la France, les États-Unis, l’Arabie saoudite, l’Egypte et le Qatar.
Said Hariri, ancien premier ministre et fils de feu Rafik Hariri premier ministre assassiné il y a 20 ans par le Hezbollah, serait un candidat probable.
Vous imaginez la suite.
Vous en voulez encore?
La déconfiture du Hezbollah en Syrie est le résultat des 70 attaques aériennes de l’aviation israélienne pour détruire les stocks d’armes et empêcher leur transfert vers le Liban. Et dès la déclaration de cessez-le-feu, les rebelles au régime d’Assad soutenus par la Turquie ont conquit la ville d’Alep, profitant de la faiblesse du Hezbollah lequel combat au soutien du régime avec le concours de l’aviation russe et de l’Iran.
Deuxième ville de Syrie et ville industrielle importante, cette avancée des rebelles risque de faire vaciller ce régime totalitaire.
Assad affaibli à tout à craindre des incursions d’Israël qui affaiblissent encore son armée et il va certainement s’opposer au passage d’armements iraniens vers le Liban.
Quant au Hezbollah, il va concentrer ses forces en Syrie pour éviter la chute du régime. Voilà qui promet de belles joutes, mais hors nos frontières.
Mais attention, ces opposants ne sont pas nos amis, même si dans l’immédiat, nos ennemis sont communs.
À nous de compter les points et de tirer avantage de ce conflit entre sunnites et chiites.
Les Occidentaux ont pris acte de cette démonstration de force israélienne. Déjà des dissensions naissent quant aux mandats d’arrêt décernés par le TPI. Ils sont remis en cause sur le plan juridique. Le TPI serait sorti de son ressort de compétence.
Rappelons que la Palestine n’est pas un État indépendant et que son adoption de la convention de Rome est de ce fait plus que discutable. Outre le fait qu’Israel n’en est pas signataire et dispose d’un système juridique indépendant. Ne juge t il pas déjà Netanyahu pour trois dossiers en cours. Le caractère subsidiaire du TPI le rendrait ainsi incompétent. Mais il a jugé le contraire.
Trump va ruer dans les brancards et nettoyer les écuries d’Augias. Il a déjà crié au scandale.
Et cette délégitimation du TPI est peut être la cerise sur le gâteau de cet accord de cessez-le-feu arrivé trop tôt.
Voilà donc que le gouvernement a le vent en poupe.
Il lui reste à répondre au vœu le plus cher des Israéliens: Sauver les otages. Le Hamas est isolé, abandonné. Il pourrait baisser ses prétentions et rechercher un accord à tout prix pour sauver sa peau.
Et libérer les otages maintenant.
Est-ce trop demander?
Cela évoque cette histoire de la mère juive promenant son bébé sur la jetée lorsqu’une vague énorme vient emporter le landau avec l’enfant. La mère supplie D.ieu de lui rendre son enfant.
Une seconde vague ramène le landau avec l’enfant saint sauf. Et la mère s’adressant à D.ieu: « u Mais il avait aussi un chapeau, est-ce trop demander? »
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