Lettre 312 Les 500 jours d’enfer pour les otages
En ce jour de deuil national, l'esprit de vengeance est de retour.
Et comment pourrait il en être autrement?
Kfir Bibass et son frère Ariel ont été enlevés alors qu'ils étaient âgés de 9 mois et quatre ans. Sont ils des hommes ceux qui ont perpétré ce crime infame!
Le monde a accepté cette infamie
Et évidemment tous appellent à nouveau à éradiquer le Hamas.
Mais peut-on à la fois prôner sa disparition tout en obtenant la libération des autres otages. Il en resterait encore 35 en vie.
Voila bien le dilemme du jour.
Après le massacre du 7 octobre, le peuple voulait deux choses: Éradication du Hamas et libération des otages.
Personne n’a véritablement soutenu que ces deux exigences étaient incompatibles. Et Netanyahu qui jouait sa survie et refusait de prendre ses responsabilités, a abondé dans ce sens avec le slogan « Victoire totale » qui risque au final d'être celle du Hamas.
Si on y a cru au départ, il s’est rapidement avéré que la pression militaire tuait aussi les otages. Mais elle permettait au moins de contraindre Hamas à la négociation.
Et ce fut la libération de 110 otages après deux petits mois de combats intensifs.
Hamas n’a jamais pensé qu’il vaincrait autrement que par une négociation bien orchestrée. Il avait une carte majeure en main. Les otages. Mais Netanyahu a poursuivi une guerre sans but véritable, sans succès autre que la destruction, la mise en déshérence de cette enclave.
Ce qui nous a valu un concert de dénonciations.
Mais les otages en ont payé le prix. Par sévices et tortures.
Car tout ce que nous avons fait a été contreproductif.
Les otages étaient disséminés dans des caches au sol. Nous avons proposé 100.000 dollars à qui permettrait leur découverte. Hamas les a enfouis bien profond sous terre.
Nous avons tenté de les libérer en forçant les tunnels. Nous n'avons récupéré que des cadavres.
Sans parler des bombardements qui seraient, semble t il, la cause de la mort d’otages dont peut-être les enfants Bibas. (Fake News du Hamas?)
Le message était clair: Exécution plutôt que libération.
Et après 500 jours de détention cruelle, le deal est sur la table: Remettre au Hamas les clés de Gaza et laisser la population pourrir sur les décombres. Sans cela, Hamas ne les libérera pas.
Mais n’oublions pas que pour libérer les otages restants, il faudra payer cher. Très cher. La reconstruction de la bande de Gaza. Un chèque à l’ordre du Hamas. Ce sera son exigence.
Et ce chèque ni Trump ni personne n’est disposé à le signer.
Car encore une fois, c’est le kidnappeur qui fixe le prix de la rançon. Et si Hamas propose une « paix», ce n’est pas celle des braves. Ce n’est que pour mieux rebondir.
Voilà pourquoi la phase 2 est considérée comme délicate. Elle mène tout droit à la victoire du Hamas ou au retour d’une guerre qui nous détruira de l’intérieur.
Un retour aux bombardements sur 7 fronts, à la poursuite des destructions sur Gaza avec la bénédiction de Trump. C'est du moins ce qu'il semble accréditer.
La phase 2 doit mener à la libération de tous les otages contre le retrait total de Tsahal, y compris de la zone tampon et de l’axe de Philadelphie.
Hamas, retour vers le passé!
Nous sommes confrontés à deux conceptions opposées.
La première considère que la nation juive créée comme refuge du peuple juif a le devoir de protéger ses citoyens pour qu’aucun pogrom ne se reproduise plus. Et doit tout entreprendre pour leur sauvetage.
Quel qu’en soit le prix. Qui sauve un homme sauve le monde. (Talmud)
C’est la position actuelle de la majorité du peuple. Avec comme corollaire la recherche de responsabilités pour entorse grave à ce principe. Pour que éviter que les erreurs se reproduisent.
La seconde se réfère à la théorie du kidnapping: Il n’y a de kidnappeur que parce qu’il y a une rançon. Et le paiement de la rançon alimente le kidnapping suivant. La police s’oppose toujours au paiement de la rançon quitte à mettre la victime en danger.
Il existe des exemples célèbres. La libération du soldat Shalit en est une péripétie. Un pour mille.
Cette théorie implique la responsabilité exclusive du Hamas pour sa barbarie et accuse les familles et ceux qui les soutiennent d’alimenter la prise d’otages à venir. De faire le jeu des terroristes. De faire monter els enchères.
Quant au prix à payer, il doit s’apprécier de façon objective et hors tout sentimentalisme. Il fixe les priorités sur un plan collectif et non pas individuel. Des vies sont en danger tant pour les otages qu’en cas de libération de milliers de terroristes avec Gaza aux mains du Hamas. Il y a un danger immédiat déterminé pour les otages, face à un danger existentiel potentiellement plus grave.
Cette théorie exonère le gouvernement de toute responsabilité car le choix est cartésien. A savoir la poursuite de la guerre pour écarter un danger majeur: La survie de la nation.
Et si le peuple le contraint à choisir la première option, il supporte seul les conséquences d’une défaite annoncée. Dans les deux cas, le gouvernement repousse toute recherche de responsabilité et s’oppose donc à l’enquête publique. Et toute accusation se heurte à la négation ou à la critique politicienne.
Il y a deux facteurs extérieurs qui viennent polluer l’objectivité du choix.
Le facteur politique impose à Netanyahu de refuser le dictat du Hamas et la libération des terroristes acteurs du 7 octobre. Il subit ici un autre dictat, celui de sa droite extrême.
Quant à Trump, son plan implique une poursuite de la lutte si les pays arabes ne trouvent pas une solution pour neutraliser le Hamas. Et comme le réalisme se trouve ailleurs que dans les gesticulations quotidiennes d’un affabulateur lumineux, le gouvernement se pliera à ces deux facteurs externes s’ils s’alignent entre eux.
La survie de la coalition en dépend. Le premier obstacle est fixé au mois d’avril, date limite pour le vote du budget. Bibi doit tirer en longueur jusque là sans prendre aucune décision en affirmant à qu’il mettra fin à la trêve. Tant pour obtenir le vote impératif de Smotrich, que pour mettre le Hamas sous pression et obtenir de meilleurs conditions.
Samedi prochain marquera la fin de la phase 1 avec la libération des 6 derniers otages.
L’expectative d’un choix à venir tient le peuple en haleine!
A dire vrai, le peuple est fatigué. Atone. Il ne réagit plus. Espère sans trop y croire. Il n’a d’yeux que pour les otages. Il a compris que le prix est dur à avaler. Mais c'est à ceux qui ont fauté le 7 octobre d'en supporter les conséquences. Pas aux otages!
Après 500 jours, les slogans sont éculés. Un homme a dit qu’il pouvait vaincre Hamas et libérer les otages. Mais il nous a trompé.
Un autre lance un autre slogan « ouvrir les portes de l’enfer ». Soldat ne part pas bille en tête. Ce slogan n’est pas pour toi, mais pour la base électorale évangéliste de Trump. Il les flatte. Leur promet ainsi le retour du Christ. Et l’enfer pour les mécréants.
Rien de très concret pour nous.
Bibi va t il ouvrir les portes de l’enfer et sonner le rappel des militaires. Des soldats bien fatigués. Mais qui obéirons comme un seul homme. A moins que ce ne soit à nouveau que gesticulations pour contenter ceux qui donnent priorité à la guerre sur la survie des otages.
L’enfer sera aussi pour nous. Pour eux.
Ce jeudi est un jour de deuil national. Déjà les accusations fusent. Le sang de ces victimes repose sur un gouvernement qui aurait torpillé plusieurs fois les négociations.
Attendons samedi prochain pour vivre encore quelques moments de soulagement.
La guerre peut bien attendre!!
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Papa, c’est quoi une négociation honnête?
Un juif va rendre visite à son rabbin. Celui-ci est en prière de Minch’a (Prière de l'après midi). Le visiteur voit son regard attiré par un chandelier.
« Combien me vendrais tu ce beau chandelier? 50 francs? »
Le rav ne réagit pas.
« Disons 75 francs »
Toujours aucune réponse.
« Bon denier prix 100 francs. Offre à prendre ou à laisser! »
Le rav termine sa prière et lui dit d’accord.
L’autre sort les 100 francs et prend le chandelier. Le rav lui rend 25 francs.
« J’étais d’accord quand tu as proposé 75 francs, mais comprends, je ne pouvais interrompre ma prière. »
Honnête homme!
« Tu vois mon fils, Trump aurait pris les 100 francs. Le Hamas 120. Israël non. Voilà bien ce qui nous différencie. »
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