Lettre 314 La guerre des slogans

 Mais où était l’armée?

Cette interrogation sera encore longtemps accrochée aux basques de Tsahal.


N'y voyez aucun lien avec un certain premier ministre

Des habitants dont le kibboutz était envahi par les terroristes du Hamas ont attendu jusqu’à 12 heures, cloîtrés dans leur chambre forte en tenant la clanche de la porte blindée pour les empêcher de pénétrer.

12 heures de terreur! Avec des enfants en pleurs.

Nombreux ont été massacrés, kidnappés, forcés de sortir par enfumage, incendie, manque d’air ou explosion.

Ils étaient sûrs que Tsahal interviendrait sur le champ. Mais où est passé Tsahal? (Aucun lien avec la 7ème compagnie)

Et qui doit répondre à cette énigme? On le sait. Une invasion d’une telle ampleur était impossible. Ou plutôt impensable. Les forces en place étaient considérées comme suffisantes pour faire face à une intrusion limitée.

Cette fois c’est le Hamas qui peut s’affubler du mantra du maréchal Foch repris par Elon Musk . « C’est parce que c’était impossible que nous l’avons fait ».

L’état-major toutes armes confondues est en cause. Et dans l’immédiat, la seule enquête réalisée est celle de l’armée, sans réelles conséquences ni sanctions. Les coupables se sont faits juges de leur propre carence, de leur négligence.

Et ils sont toujours en fonction.

Cette enquête semble générer davantage de questions que de réponses.

Quant à l’enquête publique indépendante que tous réclament unanimement, Netanyahu la refuse depuis des mois. Initialement parce qu’on ne peut enquêter en pleine guerre. Tous étaient au front. L’argument a été admis et la population endormie.

Mais après 16 mois, le refus persiste. L’impartialité serait difficile à respecter. Un consensus sur les membres à désigner poserait problème pour éviter une politisation.

Et tous ceux qui ont failli, militaires ou politiques voudraient ramener la tête du Hamas pour se refaire une légitimité. Se faire pardonner. Un pardon qu’ils n’ont pas encore sollicité.

La guerre plutôt que les otages. Du moins pour contraindre le Hamas à renoncer à ses exigences. Renoncer à l’évacuation pure et simple de Tsahal de la bande de Gaza.

En coulisses on pense certainement que la phase 1 qui a permis de libérer plus de 30 otages vivants est un succès. Et qu’il est temps de revenir à l’autre priorité. « Éradiquer le Hamas » grâce à l’appui de Trump « en ouvrant les portes de l’enfer ». Le dicton israélien dit « ce qui ne marche pas par la force, marche avec encore plus de force ».

Trump a autorisé la livraison des armes bloquées par Biden. Trop létales. Mais l’affaire Bibass, cette monstruosité où un otage libéré après 500 jours d’enfer, découvre avec effroi que sa femme et ses deux petits enfants, tout petits, innocents, ont été froidement assassinés. A mains nues.

Peuples du monde réveillez vous! La bête immonde est de retour!

Leur sang crie vengeance. Rien que pour ça on trouvera assez de monde pour pousser à la reprise du conflit avec l’usage de tous les moyens. Tous!

Faire fuir les Gazaouis pour échapper aux massacres. Les affamer. Une sorte de Dir Yassin pour les intimes. Le plan Trump mais sans les mots « départ volontaire ». « Ouvrir les portes de l’enfer». On ne fait pas d’omelette sans casser des œufs! Etc…..

Que chacun fasse son examen de conscience.

Mais on risque de n’avoir ni Hamas, ni otages.

Ce qui est vrai, c’est que la trêve permet au Hamas de se refaire une santé. Il enrôle à tour de bras, prélève à nouveau des taxes et vend l’aide humanitaire. Il reprend le terrain bien en main.

Tout ça pour ça!

Mais depuis 15 mois, l’armée est là et bien là. Elle engrange les succès. Au Liban. En Syrie. Mais à Gaza, elle a du lever le pied pour laisser place aux négociations imposées par Trump. C’est lui aussi qui tranchera pour la phase 2 ou la reprise des combats.

Car lui aussi veut deux choses inconciliables en pratique: Les otages et la tête du Hamas. Il semble laisser finalement le choix à Netanyahu. 

Lequel, comme à son habitude, choisit une voie tierce: Prolonger la phase 1 par d’autres échanges hebdomadaires. Libérations que le Hamas a d’ores et déjà refusées. Mais quand on joue la montre, un refus permet de donner du temps au temps.

La phase 2 prévoit l’évacuation totale de Tsahal. Une reddition impossible pour ceux qui sont responsables de la faillite sécuritaire. 

Pétain à permis à la France de gagner la première guerre mondiale parce qu’il était prêt à sacrifier plus de soldats que le feld-maréchal Hindenburg.

Des milliers par jours. Une boucherie qui a fait de lui le sauveur de la France.

Pour le Hamas, sacrifier « son peuple » n’est autre que la réalisation de sa destinée. Mourir pour une idéologie plutôt que pour une patrie.

Pour Israël, c’est tout le contraire. Assurer la sécurité du peuple dans son pays refuge. Cette sécurité perdue en un jour et que Tsahal peine à restaurer.

En réalité cette guerre fut avant tout une guerre des slogans. « Libération maintenant » contre « victoire totale ». Et si en novembre 2023 et en janvier 2025 le gouvernement a changé de priorité pour basculer de la guerre à la trêve, c’est sous la seule pression du peuple et de l’Amérique, celle de Biden ou de Trump.

Cette stratégie ambidextre démontre combien notre autre slogan « On ne fait pas la guerre avec 250 otages entre les mains de terroristes » est pertinente.

Et c’est à chaque fois « le prix à payer » qu’exige le Hamas qui redonne la priorité au slogan « Hamas ne restera pas le dirigeant de Gaza ». Un slogan partagé unanimement et qui met face à face deux exigences répétées à l’envi mais forcément contradictoires. Contradiction qui implique de retourner sa veste qui craque de tous côtés! A la prochaine négociation je retourne mon P……n. (A vous de remplir le vide selon la chanson de J. Dutronc)

Disons le clairement: Chaque slogan est légitime. Mais « seule la force armée permettra la libération des otages » prend du plomb dans l’aile. Car il apparaît que les conditions fixées par le Hamas n’ont pas changées depuis novembre 2023. « Tous contre  tous, fin des combats et sortie de Gaza ». Un deal toujours d ‘actualité. Ni plus ni moins.

Et nous voilà à l’aube d’un troisième tour de force. Mais c’est oublier que le temps qui passe tue les otages. Détruit psychologiquement le peuple. Démoralise les soldats.

Voilà bien le choix.

Mais c’est ici que se repose l’éternelle question. Ce choix est il libre ou contraint pour des raisons de petite politique politicienne? Car après tout, la fin de la guerre sonnerait l’heure des comptes, de la démission des responsables, militaires ou politiques.

Et en arrière plan, que pèse la vie des otages restants face au destin de la nation qui lutte pour sa survie face à un ennemi implacable qu’il convient de terrasser avant qu’il ne nous détruise. Car tel est bien son plan.

Sur le plan pratique, la négociation de la phase 2 va commencer avec en parallèle la mobilisation en cours des « Milouhimniks » (Réservistes) lesquels à peine rentrés, reçoivent leur Tsav 8. (Ordre de mobilisation). 

Politique bien connue de la carotte et du bâton. Netanyahu veut se ménager un levier pour contraindre Hamas à s’assouplir. A accepter la présence de Tsahal à Gaza à côté d’une force internationale. On peut toujours rêver. Car on ignore à quel point Hamas est affaibli. Ou se renforce.

Ce qui est sur, c’est que le temps qui passe joue pour lui et contre les otages.

Mais souvenez vous que dans l’équation, il y a l’agenda de Bibi en ligne de mire: Arriver au 1re avril avec un budget voté et faire accroire pour cela le retour à la guerre pour contenter la droite extrême.

Il en va de la survie du gouvernement.

Netanyahu est passé maître dans cet exercice du « Gam Ve Gam » le « En même temps » macronien qui lui réussit bien mieux qu’à Emmanuel. 

Mais soyons plus précis. La phase 2 n’aura pas lieu. Peu de commentateurs fondent un espoir sur un quelconque renoncement du Hamas. La négociation qui s’ouvre repart à zéro car il était prévu que le 42ème jour, ce samedi, Tsahal se retire de l’axe de Philadelfi. Ce fameux cordon frontière entre Gaza et l’Egypte par où passe la contrebande d’armes.

Et Israël a retardé la reprise des négociations et refusé ce retrait. Pour mettre ainsi le Hamas sous pression et obtenir de nouvelles libérations sans quitter complètement Gaza. Préparer un blocus, réduire l’aide humanitaire et conserver le levier de la reprise des combats. 

Une partie du peuple va hurler sa colère du temps qui passe, l’autre va militer pour reprendre l’action militaire. A chacun son slogan. Tous légitimes. 

Et pour dire qu’en fin de compte, un tel scénario n’aurait jamais dû se produire le 7 octobre. Car que peut on attendre d’une enquête publique sinon  d’apprendre que les Mezouzot à l’entrée des camps militaires n’étaient plus cachères. (Parchemin de la Torah dont l’écriture a pu s’effacer) Et que la protection divine s’était évaporée.

Car nous avons appris à nos dépens que l’ennemi n’est pas seulement un barbare, c’est aussi un barbare qui a appris à nous connaître, à nous sonder, nous infiltrer, nous tromper, nous faire mal jusqu’au fond de l’âme.

Mais comme il est facile pour un barbare d’appuyer la où ça fait mal contre un peuple qui chérit l’humain, la science, le modernisme. Bref et pour dernier slogan, « la lumière contre les forces du mal ».

Et puisqu’il a été question de cacheroute et d’intervention divine, un mot d’esprit pour finir.

Un golfeur fut amené par le plus grand des hasards à jouer avec trois juifs portant kippa. Autant lui était maladroit, les trois religieux excellaient et réussissaient des coups sensationnels. 

« Quel est donc votre secret? »

« D.ieu nous habite. Priez chaque samedi à la synagogue et votre swing s’améliorera. »

Aussitôt dit aussitôt fait!

L’année suivante, ce golfeur rencontre le même groupe si performant. Lui était toujours aussi mauvais.

« Visiblement vous n’avez par respecté notre recommandation »

« Oh que si, j’ai prié chaque samedi à la synagogue »

«  Mais dans laquelle? »

« Celle de la rue de la Victoire à Paris »

« Mais quelle erreur, celle là c’est pour le tennis!!!! »


Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Lettre 286 Macron le sioniste négationniste

Lettre 244 L'Iran attaque

Lettre 292 les Nazis sont de retour