Lettre 313 La faillite du 7 octobre
Tout ne fut qu’une question d’interprétation des intentions de l’éléphant qui se trouvait dans le salon.
Car tout était visible, peut être trop!
Voici la discussion qui eut lieu au petit matin à 5 heures entre le chef de la branche armée du Hamas Mohammed Deïf (🜋…13 /07/2024) et son second.
Le chef: L’heure H est fixée à 6h00. Que se passe t il en face? Quels préparatifs pour nous contrer?
Le second: Rien, tout est calme.
Le chef: Tu es sur! Comment rien? Que font les chars? Les drones?
Le second: Rien. Tout est calme.
Le chef: Impossible. Ils nous prépare une embuscade. J’annule tout. Vas vérifier et reviens avec des renseignements actualisés.
L’heure H passe. Les 5.000 activistes attendent l’arme aux pieds.
Le second revient: « Tout est calme. Aucune activité en face. La routine du Chabat ».
Le chef n’en croit pas ses oreilles. L’effet de surprise serait donc total. Inespéré.
Il donne l’ordre de lancer l’attaque. Les premières salves sont envoyées à 6h29. L’invasion par 20 points de passage différents peut commencer.
Tsahal s’est endormi pendant son tour de garde alors que tous les voyants étaient au rouge.
Pourquoi?
Voici en résumé les réponses fournies par une enquête de Tsahal qui sera rendue publique la semaine prochaine et révélées par le journal Yediyot.
Dans cette nuit cruciale, les officiers chargés d’évaluer le danger face aux préparatifs du Hamas savaient qu’une fête populaire se déroulait à deux pas de la frontière. La Nova, rassemblant quelques milliers de fêtards. Ils pouvaient siffler la fin de la récré. Faire évacuer les lieux. Simple et efficace.
Mais cette action salvatrice aurait été perçue par le Hamas comme le signe que des « sources » informent Tsahal ce qui risquait de les « griller ».
Deux dangers mal interprétés, mal évalués.
Et ne pensez pas que cette nuit fut calme. Le téléphone a sonné tous azimuts. Tous les hauts responsables militaires des différentes armes, du renseignements, de la police furent informés.
Trois analyses furent envisagées en ordre décroissant de probabilités:
* Simple exercice usuel du Hamas
* Hamas se prépare contre une action militaire de Tsahal
* Hamas prépare une intrusion en Israël avec des tirs de roquettes.
Cette troisième option subsidiaire coïncidait pourtant parfaitement avec les éléments d’appréciation. Il était 4 heure du matin. Le chef d’état-major ordonna de renforcer la vigilance. Il fut décidé de refaire le point dans la matinée. Bref aucune action. Un éléphant ça trompe énormément!!
Et dire qu’en face, on envisageait de tout annuler. Il eut suffit pour cela de bouger quelques tanks et d'envoyer quelques drones.
C’était pas compliqué. Aux échecs, lorsqu’on ne sait pas quoi faire, on bouge un simple pion et on attend la réaction adverse. Que de pleurs et de larmes évités.
Voici les éléments de réponse tirés de l'enquête.
Le danger vient du Nord.
Hamas est le cadet de nos ennemis. Toute l’attention et les forces armées et du renseignement sont concentrés sur le Hezbollah du Sud Liban.
Hamas est soumis et ne cherche pas le conflit. Il a mis fin aux manifestations à la frontière et aux ballons incendiaires contre une augmentation des permis de travail et le passage de l’argent du Qatar.
C’est LA CONCEPTION.
On n’en bouge pas. Toutes les analyses sont soumises à ce paramètre inconditionnel.
5.000 personnes se déplacent en pleine nuit, des véhicules, des préparatifs de tirs sont observés par les observatrices de l'armée les "Tatzpitanits".
Circulez il n'y a rien à voir.
Ce ne sont pas quelques connes de la surveillance aux frontières qui vont nous casser les coucougnettes avec de prétendus mouvements anormaux et inquiétants. (C'est brutal, mais c'est bien ce qui a été dit en substance)
Ni plus, ni moins. On appelle ça l’hybris d’une armée sophistiquée face à des clochards armés de vieilles Kalash!
Et en face Deïf comprend que pour que l’attaque aboutisse, il faut créer un effet de surprise. Il procède donc au compartimentage total de l’information. Le jour J demeure secret et n’est fixé que 5 jours à l'avance. Les chefs de sections ne sont informés que 48 heures avant et les activistes que 24 heures.
Rien ne doit filtrer.
H’omate yericho. Le mur de Jericho.
En 2016, l’unité spéciale 8200 informe l’état-major du plan d’invasion planifié par le Hamas sous ce nom de code. Ce plan prévoit le franchissement de la frontière par les tunnels. Mais après la mise en place du système de détection des souterrains, l’invasion devait s’opérer sur le sol.
Tout était clairement décrit dans les moindres détails. Mais ce plan de grande ampleur a été considéré comme irréalisable et n’était regardé qu’à la marge par les différents hauts responsables israéliens. Toujours cet hybris.
Pourtant le général Finkelman qui sera en charge du commandement sud avait clairement analysé le danger de ce plan en ajoutant qu’il était impossible de déplacer un grand nombre de combattants de façon occulte, sauf à faire accroire qu’il s’agissait d’un simple exercice. Et que seul l’effet de totale surprise pouvait permettre un éventuel succès de l’opération.
Il avait vu juste! Mais sa perspicacité fera long feu.
Puis avec la succession de changement de nominations, cette information de première importance va être reléguée aux oubliettes. Trop contraire à la conception et à la réalité du terrain.
Car le Hamas a finement brouillé les cartes pour tromper l’ennemi. Il a organisé des entraînements conformes à ce plan mais de façon bruyante et trop visible. Donc analysés comme simples gesticulations.
Ainsi, ce qui était en 2016 une éventualité à surveiller comme le lait sur le feu, était devenu une simple hypothèse d’école reléguée dans les tiroirs.
Et ceux qui suivront, mal informés, limiteront le risque à l’intrusion de terroristes par les tunnels, mise en échec par le système de détection. Le danger était donc écarté.
La nuit du 7 octobre et les cartes SIM
En cas d'ilfiltration en territoire israéliens, les terroristes avaient besoin de se connecter au réseau téléphonique israélien pour communiquer ou se connecter à internet. C'est ainsi qu'ils ont pu inonder les réseaux de leur forfait.
En effet, le réseau à Gaza est desservi par les opérateurs palestiniens Jawwal et Ooredoo lesquels sont brouillés.
Le Hamas devait donc obtenir des cartes SIM soit volées, soit acquises au marché noir, soit des cartes SIM prépayées ne nécessitant aucune carte d'identité.
Le Chabbak avait la possibilité de détecter l'activation de ces cartes SIM depuis Gaza et alerter ainsi sur une possible action d'intrusion.
Mais si ces cartes SIM furent activées, elles l'avaient déja été bien avant le 7 octobre à titre d'exercice. Il a donc considéré que cet élément à lui seul n'indiquait était pas inquiétant.
A 3 heures du matin, le général Finkelman fait une évaluation de la situation par téléphone avec les différentes armes et services de renseignements.
Le plan "Mur de Jericho" n'a pas été évoqué alors même que l'hypothèse d'une invasion était pronostiquée la semaine précédente par les observatrices de surveillance à la frontière. Mais le responsable de ce service n'en a pipé mot! Il est demeuré droit dans ses bottes. Ce ne sont pas quelques connes.......
L'hypothèse la plus vraisemblable est demeurée celle d'un exercice de grande ampleur ce qui devait impliquer pour le général Finkelman une réaction immédiate conformément à ce qu'il avait préconisé en 2022 sur le plan "Mur de Jericho".
Finkelman en réfère au chef d'état-majour Artzi Halevi avec précision qu'il faut renforcer ce front avec les restrictions suivantes:
* Eviter toute action qui laisserait entrevoir au Hamas que nous savons ce qu'il prépare (Sic) et brûler ainsi nos sources.
* Eviter de laisser penser que nous préparons une attaque à Gaza ce qui pourrait provoquer une réaction de contre offensive immédiate du Hamas (Resic)
Il était clair que des tirs de roquettes étaient prévisibles. Mais la fête Nova n'a pas été évacuée alors que l'endroit était dépourvu de tout abri.
Tout va se passer par téléphone, chaque corps séparément, sans véritable coordination collective dans un espece commun où chacun aurait pu recouper ses informations.
Et à la fin de ces chassés croisés téléphoniques, tout le monde est d'avis qu'un big exercice est en cours et que le mieux est de dmeurer vigilants et surtout ne rien faire qui puisse griller nos informateurs sur place.
Aucune force n'a donc été déplacée! Alors même que l'effectif était réduit en jour de fête.
4 heures.
Artzi Halevi organise une mise au point avec Finkelman et d'autres hauts gradés. Il ressort du rapport établi qu'il demande une observation visuelle de la situation sur place car tout est possible.
Mais rien de sérieux n'a été entrepris sur le champ. Tout est remis au lendemain. La nuit était calme. Comme celle du 6 juin 1944.
Une convocation a été adresée aux hauts responsables pour une réunion à 8h30 du matin.
On aura donc passé toute la nuit à ne rien décider...... sauf d'attendre.
(Résumé de l'article de Ronen Bergman paru le 21 mai 2025 dans le supplément Cheva Yamim de Yediyot)
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Tous ont été roulés par le Hamas comme du papier à cigarettes. Il faudra bien le reconnaître un jour. Cette organisation terroriste « soumise et neutralisée » a mis son plan à exécution au moment le plus propice, en construisant patiemment une apparence trompeuse. En déjouant la surveillance d’une armée sophistiquée qui a prêté le flanc. Roulée dans la farine!
Tous devrons faire amende honorable, payer le prix de leur défaillance naïve. Responsables mais aussi coupables. Coupables, de s’être endormis pendant leur tour de garde.
Le 7 octobre doit être marqué au fer rouge. Comme dans la chanson du Psaume 121 chir ha mahalot:
https://youtu.be/DmCjqDlJIGg?si=qsBSeC5vaOVMZAmS
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